Les nouvelles clauses commerciales que Amazon veut imposer au Royaume-Uni, font grand bruit dans la presse britannique.
C'est le magazine The Bookseller, spécialisé dans l'édition, qui révèle les termes contractuels que Amazon tente d'instaurer auprès des éditeurs britanniques.
Parmi elles, une clause inquiète particulièrement les éditeurs : celle concernant les ruptures de stocks. Dans les nouveaux contrats commerciaux, Amazon se donne le droit, en cas d'indisponibilité d'un titre, d'imprimer lui-même l'exemplaire !
Le site de vente en ligne exigerait aussi du même coup, que les éditeurs lui remettent les versions électroniques de leurs titres.
Cette impression à la demande (ou POD pour print-on-demand) avait déjà été évoquée en 2008 : Amazon avait fait valoir à l'époque, que cela pourrait "fournir une meilleure expérience client" si les livres étaient imprimés chez Amazon.
Par cette clause, les éditeurs craignent de perdre totalement la propriété de leur catalogue. Mais ils s'inquiètent aussi de la qualité de l'impression, qui de part leur métier même, leur incombe. Un livre étant un travail entre un éditeur et un auteur, où serait la place de l'éditeur si Amazon imprime lui-même les livres ? Si la qualité est mauvaise, les clients se retourneront vers Amazon ou l'éditeur ?
Une autre clause ne plait pas du tout aux éditeurs, une clause qui se base sur la notion de "nation la plus favorisée" (NPF), qui garantie, en principe, une égalité de traitement entre les différents partenaires commerciaux. Amazon avait déjà mis ne place cette clause auparavant. Elle engage les éditeurs à accorder à Amazon tout avantage qu'ils accordent à un autre, y compris à eux-mêmes. Autrement dit, les livres ne peuvent pas être vendus à un prix inférieur à celui d'Amazon.
Les éditeurs britanniques, chez qui le prix unique du livre n'existe pas, ne souhaitent pas devoir vendre leurs livres sur leur propre site aux mêmes prix qu'Amazon.
De plus, la BBC et The Bookseller rapportent tous deux des témoignages d'éditeurs qui évoquent des "intimidations", de "forte pression" de la part d'Amazon. Un éditeur a confié à la BBC qu'Amazon était devenue "de plus en plus sans remords" dans ses négociations. Le groupe français Hachette Book faisait déjà état de ces pratiques de la part d'Amazon.
La Commission européenne a confirmé à la BBC qu'elle gardait un oeil sur l'industrie britannique du livre. par le passé, les clauses de la NPF avaient déjà attiré l'attention de la commission mais il avait été conclu que celles-ci n'étaient pas illégales.
L'éditeur de The Booksteller, Philip Jones, a déclaré à la BBC que si ces clauses commerciales venaient à être approuvées, cela serait une "forme de suicide assisté pour l'industrie". Mais selon lui, ces nouveaux termes contractuels sont peut-être une tactique de négociations.
Il a également souligné le rôle positif qu'Amazon a joué dans le monde l'édition. "La pire chose qu'il pourrait arriver [aux éditeurs], serait qu'Amazon disparaisse," a-dit-il. Avant d'ajouter : "La deuxième pire chose serait qu'il devienne plus dominant."