La liquidation judiciaire de l'imprimerie Hérissey a été prononcée hier matin. Le 1er octobre les machines resteront muettes, les portes de l'imprimerie centenaire fermées.
Pourtant, en ce moment les machines tournent à plein régime et les employés travaillent 47 heures par semaine. Tous les clients sont restés fidèles à ce grand nom de l'édition. Mais les 14 millions d'ouvrages qui sortent chaque année de l'atelier n'ont pas suffi.
Matthieu Jolibois, qui a repris les rênes de l'entreprise il y a 4 ans, lorsque personne ne donnait plus que quelques mois à cette société, n'a pas réussi à redresser les comptes.
Le directeur a vu une baisse des prix, une baisse ″à deux chiffres″ en 4 ans, et un recul du chiffre d'affaires de 10 % chaque année depuis 3 ans. Le renouvellement indispensable du parc machine en 2011, 2012 et 2013, puis les 300 000 euros investis dans la mise aux normes nécessaire du site construit en 1972 l'an dernier, s'ajoutant à une concurrence étrangère de plus en plus féroce, ont été fatal à cette entreprise héritière d'une longue tradition.
Les 71 salariés vont perdre leur travail. Ils seront restés jusqu'au bout, repoussant au maximum l'échéance fatidique. Les fans de mangas qui liront l'un des 165 000 exemplaires du dernier One piece de Glénat qui sort demain, pourront les remercier.
Créée il y a 180 ans, cette imprimerie est devenue le leader européen de l'impression de bande dessinée japonaise. Il y a 15 ans, le groupe Hérissey comptait six sociétés et employait 1 200 personnes.
Matthieu Jolibois, dans un courrier adressé au maire d'Évreux avertit : "C'est un chapitre de l'histoire de la ville d'Évreux qui va s'achever", une ″saga industrielle, portée durant de nombreuses années par une famille qui lui aura laissé son nom, un nom connu dans toute l'édition, son cœur de métier″.
D'ailleurs, les derniers ouvrages à sortir, Matthieu Jolibois y tient, seront des Editions Charles Hérissey.