Un matériel est obsolète parce qu'il ne répond plus à des exigences de production propres à l'entreprise et non parce qu'il est remplacé par un nouveau modèle au catalogue du fournisseur.
Avec la question de l'obsolescence des matériels, nous nous trouvons plongés davantage dans le domaine de l'irrationnel que dans celui du rationnel.
L'imprimeur, lorsqu'il aborde cette question, réagit le plus souvent en… imprimeur plutôt qu'en chef d'entreprise. Et il a tort. Il est communément convenu que s'il n'est pas régulièrement changé, le matériel que l'on utilise devient rapidement obsolète. Ce qui est vrai. On a également réussi à faire largement accepter l'idée - souvent par le biais de relais fort subtils - que si ce matériel est périmé, dépassé, obsolète donc, vous mettez votre entreprise en danger.
Sans doute, effectivement, est-il nécessaire de changer périodiquement son matériel de production mais une telle décision doit alors reposer sur des réflexions bien plus sérieuses et mathématiques.
Nous sommes loin du taylorisme d'antan où seul le cliquetis des machines importait : l'obsolescence est une notion qui touche aussi le management de l'entreprise et son organisation dans le sens le plus horizontal du terme. Autrement dit, l'évolution de l'entreprise n'est pas que technique.
Elle a des conséquences souvent insoupçonnées sur son fonctionnement global. Aussi, une décision de renouvellement ou d'investissement mal étudiée, mal chiffrée, mal calibrée, mal anticipée et surtout mal accompagnée représente-t-elle un danger pour la survie de l'entreprise. Changer de matériel, cela se prouve et se calcule.
Et comme le fournisseur ne le fera pas à sa place, c'est au chef d'entreprise de prendre son crayon pour faire les additions. Obsolescence et usure sont des concepts différents, indépendants l'un de l'autre. Un matériel obsolète peut ne pas être usé et, par conséquent, toujours trouver une utilité au sein de l'entreprise.
Regardez autour de vous : que deviennent vos vieux Mac, par exemple ? Il n'est pas rare de trouver dans des usines modernes faisant appel à des technologies de pointe, des process entiers gérés par des PC qui vivent là leur deuxième vie.
Bien entendu, l'idéal est que le degré d'usure ait rattrapé celui de l'obsolescence lorsque le moment est arrivé de changer de matériel. Dans ce cas, il est manifeste que le renouvellement précédent avait été bien mené.
La nouvelle machine avait été parfaitement choisie, son temps de service bien prévu. Elle avait été aussi mise en service au moment le plus convenable et elle a été parfaitement rentabilisée. Et, précisément, si la rentabilité a été atteinte, c'est que les mesures d'accompagnement de l'investissement - management, ressources humaines, définition marketing, forces de vente… - avaient été respectées.
En corollaire, il est tout aussi clair que se séparer d'un matériel qui est obsolète sans être usé coûte cher. Exemple. Si vous vous séparez à 320 000 unités d'une machine qui peut effectivement produire un million d'unités avant d'être déclarée bonne pour la casse, la perte est de 680 000 unités.
Voici, donc, ce qu'il fallait sans doute préciser avant d'aborder la série de questions centrale : comment déterminer que mon matériel est obsolète ? Autrement dit : quand dois-je procéder à son remplacement ?