L'ancien modèle
Le modèle traditionnel de l'édition est assez simple à décrire. Les éditeurs reçoivent de nombreux manuscrits et ne retiennent que ceux qui leur semblent les plus susceptibles d'atteindre un seuil minimal de vente. C'est un modèle qui repose tout simplement sur un processus de sélection. Sont écartés les auteurs que les éditeurs jugent moins rentable de corriger, mettre en page, imprimer et assurer la promotion. Dans ce type de modèle, les éditeurs privilégient les titres qui feront un premier chiffre de tirage important et des réimpressions honorables.
Sont favorisés dans ce modèle les imprimeurs équipés de rotatives offset bookomatic, Timson ou encore de rotatives Cameron.
Alexander Osterwalder et Yves Pigneur, auteurs du remarquable ouvrage « Business Model nouvelle génération » écrit en collaboration avec une équipe de 470 professionnels de 45 pays nous proposent une représentation de ce modèle traditionnel en 9 blocs qui décrivent l'économie de ce secteur de l'édition, la façon dont il gagne de l'argent.
Le nouveau modèle
Aujourd'hui, tout le monde, auteurs confirmés ou amateurs, peut publier son travail grâce à des plateformes d'autoédition comme Lulu.com, BoD.fr ou Amazon.fr. Ces sites mettent à la disposition des auteurs l'ensemble des outils qui leur permettent de mettre en page, imprimer et diffuser leur ouvrage.
En partant toujours des 9 blocs, la nouvelle matrice proposée par Alexander Osterwalder et Yves Pigneur met en avant les éléments qui permettent à ce nouveau modèle économique de rencontrer le succès dans un secteur jugé particulièrement conservateur.
Tout d'abord le concept de longue traîne, utilisé la première fois par Chris Anderson[1] pour décrire les 80% produits dédaignés dans l'ancien modèle, les éditeurs « classiques » préférant se concentrer sur les titres best-sellers, les tops 20% restant qui se situent en tête de la courbe.
Selon Anderson, Internet et les plateformes multifaces qui connectent des auteurs et des lecteurs ont décalé la demande vers la traîne, générant des chiffres d'affaires agrégés équivalents, voire supérieurs à ceux du premier modèle.
Ces plateformes ont de la valeur, nous explique Anderson, car elles ont réussi à faire se rencontrer des auteurs de niche avec leurs publics de niche grâce à une très grande variété de titres, des puissants moteurs de recherche, des recommandations et des évaluations d'utilisateurs.
La baisse du coût des technologies et l'impression numérique ont permis d'imprimer ces ouvrages à l'unité, de supprimer ainsi les coûts de stockage.
Ainsi, les imprimeurs qui souhaitent aujourd'hui investir dans le secteur de l'édition et l'impression à l'unité en particulier ou en très petites séries, doivent absolument prendre en considération l'impact du web qui modifie en profondeur les mécanismes de ce secteur.
[1] Anderson Chris, « The long Trail », Wired Magazine, octobre 2004.