Une figure incontournable de l'imprimerie du nord nous a quittés. Philippe Tillie, fondateur du groupe Tilinvest, est décédé le 18 août, suite à un AVC. Il avait 63 ans, et était père de cinq enfants et grand-père de neuf petits-enfants.
Philippe Tillie a commencé dans l'imprimerie un peu par hasard. Peu porté par ce qu'on lui apprenait jusque-là à l'école, il est dirigé vers les métiers de l'imprimerie à l'institut Saint-Luc à Tournai. Il y trouve ce qui deviendra sa vocation.
En effet, rapidement, en 1975, il se lance à son compte avec une machine offset feuille. Seul employé, il a besoin de la voiture de sa femme, institutrice, pour livrer les commandes le soir. C'est le début d'une grande aventure.
Philippe Tillie entouré de trois de ses cinq enfants.
Trente-neuf ans plus tard, il est le directeur général du groupe Tilinvest. Quatre imprimeries du nord de la France implantées sur trois sites de production, spécialisées dans une gamme très complète de produits : l'imprimerie Tilliemopin pour la bobine, sur le site d'Avelin près de Lille, Etanor pour l'adhésif, sur le site d'Avelin près de Lille, l'imprimerie Chartrez pour la feuille en grand format, à Saint Nicolas lez Arras près d'Arras et l'imprimerie Ledoux pour la feuille en petit et demi format, à Ardres entre Calais et Saint-Omer.
Avec les années, le groupe Tilinvest prend de l'ampleur. Il compte 134 salariés, mais Philippe Tillie a mis un point d'honneur à garder dans sa société, l'esprit familial de ses débuts. Sa porte est toujours ouverte pour qui a besoin de lui.
″Il était dur en affaire, mais assez tendre avec les gens″, dit de lui Matthieu, son fils, actuel président du groupe.
Toujours à l'écoute des autres, Philippe Tillie est aussi, comme beaucoup de grands hommes, impatient. Il aime que les choses soient faites tout de suite. Exigeant avec lui-même, il l'est aussi avec les autres, il demande ″à chacun d'être à 120 % voire à 200 %″.
Doté d'un tempérament de gagnant et compétiteur dans l'âme, il veille aussi à garder ce côté sportif dans ses loisirs. Fana de courses automobiles, il court puis achète une écurie, PSI Experience, et David Hallyday ou Philippe Alliot sont ses pilotes.
L'une de ses grandes fiertés sera d'avoir réussi à franchir la ligne d'arrivée des 24 heures du Mans en 2007, le seul en Corvette à finir cette année-là.
En 2009, Philippe Tillie, souhaitant profiter un peu plus de son temps libre propose son fils, Matthieu, son seul enfant à avoir suivi ses traces d'imprimeur, de reprendre les rênes du groupe Tilinvest. Alors directeur de l'imprimerie Ledoux, Matthieu Tillie agrandit encore un peu plus la société créée par son père.
Philippe Tillie a laissé les rênes du groupe Tilinvest à son fils Matthieu.
Et en 2011, à 60 ans Philippe part à la retraite. Enfin... de manière officiellement du moins. Entre deux voyages, il traverse notamment l'Atlantique en catamaran avec des amis, il ne peut s'empêcher de donner un coup de main.
Du haut de ses presque 40 ans de métier, il a vu la profession évoluer et conseille de temps en temps Matthieu. Il sait l'âge d'or de l'imprimerie révolu : "Avant, on me disait : ″Il faut telle machine ″. J'achetais telle machine. Je ne me posais pas la question du ratio de la rentabilité, du pourquoi du comment. On en avait besoin, on l'achetait. Aujourd'hui, toi, tu es avec plein de tableaux, tu es toujours en train de regarder ce qui est le plus rentable... Ce sont des choses que, moi, je n'ai jamais faites.″
Il n'a jamais fait comme ça, mais ce maître imprimeur a réussi à créer une belle entreprise et ses qualités exceptionnelles manqueront à jamais à tous ceux et celles qui l'ont connu et admiré.