Le bon sens a fini par l'emporter. Les députés français ont rejeté lundi la suppression de l'envoi à domicile des documents électoraux des candidats aux élections départementales et régionales de 2015.
Le gouvernement avait décidé cette suppression dans le cadre du projet de loi de finances de 2015. Jean-Marie Le Guen, secrétaire d'État chargé des relations avec le Parlement, a expliqué que le gouvernement cherchait à réaliser une économie de 130 millions d'euros.
Les députés ont rétabli cette mesure à l'unanimité : tous les groupes ont déposé des amendements pour supprimer la dématérialisation de la propagande électorale qui aurait été disponible en ligne et dans les préfectures, sous-préfectures ou mairies.
Michel Zumkeller, député Territoire de Belfort, Union des démocrates et indépendants, estime que ″cette mesure ne nuise à l'information de nos concitoyens et ne favorise l'abstention″, alors que ″les élections à venir ont été profondément modifiées par le gouvernement – nom des élections, redécoupages, modification du calendrier et des règles du jeu électorales″.
Paul Molac, député du Morbihan, Union démocratique bretonne, a défendu le coût économique et écologique de cette information qui est à ses yeux justifié, doutant que la consultation physique des professions de foi et des bulletins de vote soit utilisée. Il a aussi rappeler que ″de nombreux électeurs ne naviguent pas ou peu sur internet" et que "la connexion reste de mauvaise qualité dans certaines parties du territoire, où la consultation de la propagande dématérialisée ne pourra donc se faire que dans des conditions dégradées".
Anne-Yvonne Le Dain, députée de Hérault, Socialiste, républicain et citoyen, estime que ″le vote papier est indispensable et que chaque citoyen, où qu'il se trouve sur le territoire national, doit pouvoir recevoir la propagande électorale et les bulletins de vote sous forme papier.″
Nicolas Dupont-Aignan, député de l'Essonne, non-inscrit, a décrit cette proposition comme étant ″surréaliste″ : ″J'ai le sentiment que les services de l'État essaient régulièrement de faire avaler cette mauvaise pilule pour la démocratie à tous les gouvernements. Je regrette que le vôtre ait cédé à la technostructure, pour qui, finalement, les élections sont de trop. C'est vrai que cela coûte cher. Supprimons-les, cela ira plus vite !″
Mais, il semblerait qu'il faudra à nouveau démontrer l'évidence... Jean-Marie Le Guen a en effet rappelé le souhait du gouvernement de mettre en place une telle mesure : ″En tout état de cause, il me paraît incontournable d'aller un jour ou l'autre vers la dématérialisation de la propagande électorale. Je crains qu'en refusant de l'envisager, on ne soit à côté de la plaque...″