La société Encyclopaedia Universalis, qui édite depuis quarante-cinq ans la célèbre encyclopédie, vient de déposer son bilan.
Le tribunal de Commerce de Nanterre a placé la société en redressement judiciaire le 30 octobre, pour une période d'observation de six mois.
L'entreprise française, qui emploie 45 personnes, diffuse également des livres d'autres éditeurs, comme le Grand Robert ou Le Littré.
Sa maison mère, Britannica, appartient à Jacqui Safra, un homme d'affaires suisse.
"Ces dernières années, M. Safra a investi 14 millions d'euros dans Universalis et ses activités européennes, surtout pour apurer les dettes, précise Isabelle Didier, l'administratrice judiciaire au quotidien Le Monde. Est-il prêt à accompagner un plan de développement ? Sinon, je suis certaine que nous trouverons d'autres partenaires."
Créée en 1968 par le Club français du livre et l'Encyclopaedia Britannica, la plus réputée des encyclopédies anglo-saxonnes, Encyclopaedia Universalis a connu des années florissantes.
En 1995, parallèlement aux éditions papier, les éditions électroniques d'Universalis viennent s'ajouter, d'abord sur CD-ROM puis sur DVD.
Mais face à son principal concurrent, Wikipédia, encyclopédie en ligne, gratuite, et actualisée en permanence, Universalis peine sérieusement à vendre sa collection, composée d'une trentaine de volumes, à 3000 euros.
L'entreprise revoit sa stratégie. À partir de 1999, l'encyclopédie devient disponible sur Internet par un abonnement payant, un site consulté par 10 millions de visiteurs par an.
En 2012, Universalis doit se résoudre à supprimer son édition papier, qui ne s'écoulait plus qu'à quelques milliers d'exemplaires par an.
Universalis décide alors de se tourner vers les collèges et lycées, misant sur les crédits publics promis par le gouvernement.
Mais les crédits n'ont pas augmenté cette année, ils ont même baissé, précipitant la décision d'Universalis de se placer sous la protection judiciaire afin d'avoir le temps de se réorganiser.