La presse magazine monte au créneau contre La Poste

Après Télé Star, trois autres magazines du groupe de presse Mondadori, "dénoncent l'augmentation massive de leurs coûts de distribution et la discrimination économique dont ils font l'objet".

Le 20 avril, le directeur de la rédaction de Télé Star, Eric Pavon, signait un éditorial pour expliquer la hausse de prix de son magazine TV : "Nous n'avons pas d'autre choix que le réajustement de ce tarif devant l'accroissement des charges qui pèsent sur le magazine, liés aux coûts de fabrication, de distribution et aux tarifs postaux. Des augmentations qui nous ciblent, nous la presse dite populaire, ou qualifiée par certaines élites politiques de récréative, sous-entendant qu'il y a une bonne presse et une mauvaise, des bons et des mauvais journalistes, et donc des bons et des mauvais lecteurs".

Aujourd'hui, trois autres magazines du groupe de presse Mondadori dénoncent, à leur tour, cette augmentation des tarifs.
Dans les éditoriaux de leurs prochains numéros, les rédacteurs en chef d'Auto Plus, du Chasseur français et de L'Auto Journal s'insurgent contre la différence des tarifs postaux entre la presse d'information politique et générale (IPG) et la presse non IPG.

Une hausse de 45 % en 5 ans

La presse d'information politique et générale (IPG) bénéficie, en plus d'aides publiques directement versées aux titres, de tarifs préférentiels pour sa distribution par La Poste.
La presse non IPG est, quant à elle, "devenue la cible de hausses massives des coûts liés à la distribution, frais postaux et messageries", explique les éditeurs dans un communiqué commun.

Les tarifs postaux d'Auto Plus ont ainsi augmenté de 45 % en cinq ans pour les tarifs postaux. Et de nouvelles hausses devraient intervenir prochainement.

"Ne serait-il pas temps de dire stop ?" demande Pierre Taylor, rédacteur en chef d'Auto Plus, dans son éditorial à paraître le 15 mai.

Il explique : "Que vous soyez lecteur régulier ou fidèle abonné, j'ose penser que vous nous appréciez pour la qualité de nos enquêtes […] Communément, on appelle ça informer, faire un travail de journaliste. Pour autant, sachez-le, nos chères éminences grises ne l'entendent pas tout à fait de cette oreille.
Ces dernières années, elles ont en effet commencé à opérer un distinguo plutôt révoltant entre les titres dits "d'information générale et politique" (les quotidiens, les news magazines, les magazines culturels) et les autres (en substance, la presse magazine plus "populaire", dont Auto Plus.
Ainsi, il y aurait d'un côté la noble presse, de l'autre la nôtre, la vôtre, de second rang […]."

Une bonne et une mauvaise presse ?

Le rédacteur en chef d'Auto Journal, Jean-Eric Raoul, insiste dans son édition du 13 mai : "Le plus révoltant dans ce projet, c'est son côté discriminatoire. Le législateur introduit en effet l'idée de "bonne" et de "mauvaise" presse, de lecture noble et de lecture subalterne […], puisque nous ne traitons pas du microcosme politique. Finalement nous sommes visés car nous ne serions pas aussi dangereux, électoralement parlant, que la presse d'information générale."

Et Antoine Berton, directeur de la rédaction du Chasseur Français, enchérit dans son numéro daté juin : "Depuis 130 ans, nous sommes à vos côtés. Alors nous disons "Stop !" à une nouvelle hausse qui sanctionnerait encore une fois nos lecteurs… nous refusons cette discrimination car elle vous discrimine aussi."

Cette différence de traitement entraîne "une véritable distorsion de concurrence" car les quotidiens, notamment, "développent des magazines du week-end (TV, féminin, mode) et des contenus digitaux (TV, people, féminin) en concurrence directe avec les magazines non IPG," indique leur communiqué.