Un amendement adopté le 21 mai au Parlement lors des discussions relatives la Loi sur la transition énergétique demande aux services de l'État et les collectivités à s'engager à diminuer de 30 % leur consommation de papier d'ici 2020 en mettant en place un plan de prévention en ce sens.
Les deux raisons évoquées de cette disposition sont la réduction de l'impact environnemental et la réalisation d'économie.
Les regroupements des filières graphique et carton s'insurgent contre ce nouvel amendement. À travers deux communiqués, l'Union nationale des industries de l'impression et de la communication (l'Unic) et le Mouvement de l'intersecteur papier carton (le Mip) associé à la Fédération des entreprises du recyclage (la Federec) dénoncent et déplorent cette disposition.
Pourquoi cibler la filière papier ?
Le Mip s'étonne que "de tous les biens manufacturés et ressources consommées par l'État et les collectivités, seul le papier fasse l'objet d'un objectif de réduction", alors qu'"à l'évidence", l'impact environnemental du papier est "négligeable" comparé aux consommations des administrations "en eau, électricité, transport, consommable informatique..."
Et concernant une réalisation d'économie, le Mip rappelle que "les rapports de la Cour des comptes relèvent, à longueur de pages, de nombreux exemples de gaspillages".
Le papier, un support vertueux...
Le Mip souligne également que le papier est un "support renouvelable, biodégradable et recyclable".
Et l'Unic déplore "le raccourci consistant à considérer qu'une "croissance verte" découlerait d'une diminution drastique des volumes papier". Le papier est un support "reconnu" comme "vertueux, tant sur le plan environnemental que sous l'angle de l'économie des territoires".
... et un support utile
En plus, pour le Mip, cette disposition laisse supposer que le papier n'est qu'un générateur d'impact environnemental, oubliant "son utilité" en "termes d'information des citoyens et de fonctionnements des administrations".
Un amendement en "criante inadéquation" avec le rapport Bardy
Pour les trois organisations, cet amendement est en "criante inadéquation" selon les termes de l'Unic avec le rapport du député Serge Bardy, "France, terre d'avenir de l'industrie papetière", rapport accueilli pourtant favorablement par la ministre en charge de l'environnement et le président de l'Assemblée nationale.
Yves Herbaut, vice-président du Mip, "se demande comment la France pourrait être la terre d'avenir de l'industrie papetière, et donc développer l'emploi, avec une représentation nationale qui donne une image si dégradée du papier".
D'autres pistes plus pertinentes devraient être étudiées
"Il aurait à notre sens été plus pertinent que l'État se donne un objectif d'excellence en matière de tri des papiers usagers et adopte un plan de lutte contre le gaspillage de toutes ses ressources" regrette Yves Herbaut.
Cet amendement sera soumis au vote de l'Assemblée nationale mardi 26 mai.