Parue du journal officiel le 20 mai dernier, la réforme du collège qui doit être appliquée à la rentrée scolaire 2016 s'accompagne de la refonte des programmes scolaires et donc de la réécriture des manuels scolaires. Et cela pose problème.
Les changements concernent l'école primaire et le collège, soit du cours préparatoire à la classe de troisième, ce qui représente neuf niveaux différents.
"Les conséquences sont énormes, mais elles sont difficiles à évoluer", constate Odile Mardon-Kessel, directrice du département enseignement technique et professionnel de Hachette.
Pas encore de budget annoncé...
Comme elle nous l'explique, la première difficulté est l'ignorance concernant le budget qui sera alloué à l'achat des manuels scolaires, subventions versées aux collèges et lycées publics. Et aucune date n'est avancée.
Cette incertitude empêche les éditeurs de progresser sur les changements de la réforme. Les éditeurs sont des industriels et "les industriels investissent en fonction d'un marché potentiel".
Mais, si par miracle, l'État versait les 480 millions d'euros estimés par les éditeurs pour équiper tous les élèves, cela serait toujours difficile, voire impossible de produire en temps et en heure tous ces livres.
"Donc nous serons amenés à faire des choix. Mais aujourd'hui je suis incapable de dire lesquels."
Car le budget n'est pas le seul point noir de cette réforme.
Et de tout façon des délais déjà trop courts
"L'autre difficulté que l'on a, est que les programmes définitifs ne seront connus que fin septembre. Cela nous donne des délais de production extrêmement courts."
D'après la loi pourtant, les programmes doivent être publiés au minimum douze mois avant leur entrée en vigueur.
"Nous devons avoir fini d'imprimer les livres au mois d'avril pour pouvoir les envoyer aux professeurs en édition spécimen afin qu'ils fassent leurs choix et que l'on puisse les imprimer dans l'été."
Et si le nombre exacte de matières concernées par ces changements est encore inconnu, la réforme laisse entrevoir dans certaines disciplines des changements très importants.
"Cela ne laisse pas beaucoup de temps à nous et nos auteurs pour intégrer ces nouveaux contenus. Et c'est un exercice intellectuel qui demande un peu de maturation."
L'une des solutions pour éviter une rentrée chaotique pourrait être échelonner les nouveaux programmes sur plusieurs années.
Mais "plus le temps passe et plus ça devient compliqué de rester dans cette incertitude," déplore l'éditrice.