Le monde de la voile n'échappe pas à la crise qui sévit dans la presse écrite. Tandis que Voiles & Voiliers, le leader du secteur, a mis en œuvre en janvier dernier une grande restructuration qui s'est concrétisée par le licenciement d'une partie du personnel, un autre grand nom du secteur vient de rendre les armes.
Les éditions Course au Large, qui détenait la revue historique Bateaux, créée en 1958, ainsi que le bimestriel Course au Large, ont été mises en liquidation judiciaire le 15 juillet dernier.
Voiles & Voiliers, une restructuration difficile
Dans le contexte de crise qui touche la presse dans son ensemble, le mensuel Voiles & Voiliers, du groupe Sipa-Ouest France, n'est pas épargné. Entre 2010 et 2014, le magazine a enregistré une baisse des ventes mensuelles de 13 %, passant de 50 070 exemplaires vendus en France à 43 707, et en 2014, ils ont perdu pas moins de 3 000 abonnés. Une chute inexorable qui a amené le mensuel à lancer en janvier dernier un grand plan de restructuration.
Le Syndicat national des journalistes de Voiles & Voiliers a rendu compte de la situation dans un blog dédié. L'en-tête du blog annonce directement la couleur : "Voiles et Voiliers – Rédaction Torpillée – Licenciement de 80 % du personnel". Neuf journalistes sur les 11 que comptait la rédaction ont été remerciés. Au total, ce sont 21 personnes du magazine sur un effectif de 29 qui ont été poussées dehors. Quant aux salariés restants, ils ont été contraints de quitter la capitale pour s'installer dans les nouveaux locaux du groupe, à Rennes.
La direction a en effet pris la décision de constituer un "pôle mer" avec Infomer, une autre filiale du groupe Ouest-France, qui édite entre autres l'hebdo économique destiné aux professionnels de la mer Le Marin.
Dans un article retiré trois jours après sa publication, les journalistes ont exprimé leur amertume sur le destin du magazine « il y avait une autre route à suivre que celles de Rennes (…) la stratégie choisie par la direction n'est pas acceptable. Conserver une rédaction à Paris aurait pu être fait à moindres frais et l'absence totale de vision quant à l'avenir du titre a achevé de les convaincre de débarquer ».
Au total, cette restructuration aura couté plus de 2,6 millions d'euros. La nouvelle rédaction du magazine a été confiée à l'ancien rédacteur en chef de Voile Magazine, Loïc Madeline.
Bateaux Magazine et Course au Large touchent le fond
Un autre acteur historique de la presse nautique a subi cet été de plein fouet les conséquences de la crise qui touche le secteur. Suite à une décision du Tribunal de Grande Instance de Rennes, les éditions Course au large, comprenant la Revue Course au Large et la revue Bateaux Magazine, ont été mises en liquidation judiciaire le 15 juillet 2015. Les revues n'ayant pas trouvé de repreneurs, ont ainsi cessé de paraître.
Créé en 1958 par Pierre Lavat, diplômé de l'École navale et d'HEC, le magazine mensuel Bateaux se vendait en 2014 à 12 383 exemplaires par mois. Trois ans plus tôt, en 2010, sa diffusion s'élevait encore à 21 123 exemplaires. Une chute de plus de 40 % en seulement trois ans.
Malgré tout, les deux marques ont suscité l'intérêt de plusieurs repreneurs parmi lesquels la société Editions Terre-Mars (Bateaux-essais et Hors-bord Magazine) et Sernas qui édite notamment le magazine Voiles & Voiliers. Cette dernière a proposé une offre de rachat de 20 000 euros pour les deux revues.
Mais c'est finalement les offres cumulées des Editions Larivière (Voile Magazine) et de la société Wirely (CupLegend) qui ont retenu l'intérêt du juge. Wirely a ainsi pu acquérir la revue Course au Large au prix de 7.500 euros. Quant à la revue Bateaux, elle a été vendue aux Editions Larivière au prix de 25.000 euros.
Avant sa liquidation, le magazine Bateaux comptait un peu plus de 4.500 abonnements et la revue Course au Large, un peu moins de 1.000. Un portefeuille d'abonnés sur lequel peuvent compter les nouveaux acquéreurs pour tenter de rebooster leur diffusion.
Et la suite ?
Pour ce qui est de l'avenir de Bateaux Magazine, il est encore trouble. Joint par notre rédaction, François-Xavier de Crécy, le rédacteur en chef de Voile Magazine (éditions Larivière) nous a confié que plusieurs scénarios sont envisagés, mais qu'aucune décision n'a encore été prise. Le magazine reverra-t-il le jour ? Sous forme de hors-série ? Les abonnés recevront-ils Voile Mag en substitution ? Affaire à suivre…
Il reste aujourd'hui sur l'échiquier deux gros éditeurs de presse nautique papier, Voiles & Voiliers et Voile Mag et des acteurs 100 % web comme Bateaux.com.