Ken Goldstein, un analyste des médias au Canada, vient de publier une sombre prévision : "En 2025, il est probable qu'il y ait peu voire aucun quotidien papier en circulation dans le pays."
Dans son rapport dévoilé par le site américain Poynter, Ken Goldstein note les journaux quotidiens en 1950 dépassait les 102 % de diffusion dans les foyers canadiens. En 1995 la diffusion était de 50 % (cinq millions d'exemplaires pour environ 11 millions de ménages) et en 2014, elle n'est plus qu'à 20 % en 2014 (trois millions contre 14 millions).
En extrapolant ces données, Ken Goldstein prévoit que la diffusion tomberait entre 5 à 10 % à l'horizon 2025. Un seuil trop bas pour faire tourner une entreprise de presse.
Ce fort recul proviendrait, selon l'analyste, de la multiplicité des sources d'informations. Si dans la première moitié du 20e siècle, les médias traditionnels (radio et TV également) bénéficiaient de la rareté et regroupaient des offres très complètes (petites annonces, divertissements, guides...), aujourd'hui les divers supports et offres proposées ont fortement bouleversé la place de ces médias.
L'analyste attribue également cette difficulté des journaux papiers à la fin des petites annonces sur lesquelles reposaient les revenus publicitaires de la presse.
Il cite à ce propos Marshall McLuhan, qui dans son essai Understanding Media : The Extensions of Man paru en 1964, écrivait :
"Les petites annonces (et cotations boursières) sont le fondement de la presse. Si une source alternative avec un accès facile à ces informations quotidiennes devait être trouvée, cela signerait la fin de la presse."
Les quotidiens canadiens ont donc maintenant 10 ans pour développer un modèle d'entreprise en ligne qui leur permettra de préserver leurs marques sans éditions imprimées et leur permettre de maintenir leur portée journalistique actuelle, conclut Ken Goldstein.