GraphiLine : Quel est le positionnement de votre entreprise, la Manufacture d'Histoires Deux-Ponts sur le marché ?
Laurent Caillat : Notre positionnement est la créativité et le sur-mesure sur l'aspect de l'imprimé. Nous apportons une réflexion sur la forme grâce à tous nos outils et aucune une édition ne se ressemble : il faut à chaque fois remettre tout son savoir et son expertise sur la réalisation demandée.
L'une des particularités de votre imprimerie est qu'elle couvre l'intégralité de la chaîne graphique (prépresse, encartage piquage, dos carré collé, reliure, mais aussi sérigraphie, dorure sur la tranche, couture Singer, découpe laser, impression UV, marquage à chaud...) avec 34 métiers différents. Pourquoi ce choix ?
Il y avait tout un maillage de sous-traitants, des gens très compétents, mais qui ne sortaient pas des sentiers battus. Par exemple, la colle ou les fils de couture étaient toujours blancs, alors qu'il y a des tas de possibilités.
Être autonome nous permet de créer des techniques diverses et variées, dans tous les métiers, qui sont propices aux non-standards.
En fait, en 1988, quand j'ai repris l'entreprise avec mon frère, nous avons tout de suite compris qu'un jour ou l'autre, le papier serait en concurrence avec d'autres médias, même si nous étions loin de penser que le web allait tout bouleverser.
Et le papier ne pourra exister que s'il a une légitimité à aider des clients à valoriser leurs marques ou leurs produits.
En 2010, vous avez ouvert un espace dédié aux nouvelles techniques et nouveaux produits. L'innovation est indispensable ?
Nous avons toujours fait de la recherche et du développement, en choisissant d'intégrer tous les métiers et du fait de notre volonté de surprendre les clients.
Nous avons toujours modifié les machines ou utilisé des matériaux qui ne sont pas du secteur des arts graphiques. (Par exemple, nous avons réalisé un catalogue de haute joaillerie avec des éléments imprimés sur de la soie.)
Nous cherchons toujours à repousser les limites de l'art, c'est la base de notre manufacture. En fait, nous allons toujours dire oui à nos clients parce que, de toute façon, tout est possible. Après c'est une question de coût.
La manufacture a aussi des ambitions internationales, notamment à New York, non ?
Nous nous plaignons de la concurrence étrangère, mais c'est peut-être à nous d'aller sur des marchés étrangers.
Nous avons ouvert un bureau à Milan en 2006. Avec l'Italie... nous avons pris une claque et nous sommes rentrés ! Les Italiens ne font travailler que les entreprises italiennes, alors que les Français font plutôt travailler tout le monde.
Et cette année, nous avons ouvert un bureau à New York. Nous voulons partager la french touch et de montrer notre savoir-faire. Ce sont des investissements conséquents, mais nous avons quelques petits succès...