Jean-Yves Corre, 66 ans cherchait à transmettre l'imprimerie qu'il a fondée en 1977. Mais après des années de recherche, il a dû se résoudre à une vente partielle en cédant seulement son fonds de commerce.
Spécialisée dans l'impression continue, sur les marchés des formulaires pré-imprimés, des lettres-chèques et des cartes étudiants, l'imprimerie Ifcli située en Bretagne a donc arrêté de tourner mi-octobre.
"Arrivé à un certain âge, on cherche un successeur. Je voulais, non pas vendre, mais transmettre mon entreprise à un confrère. Mais je n'ai pas trouvé de repreneurs pour exploiter le site et utiliser le parc machine."
Son dernier chiffre d'affaires s'élève à 1,5 millions d'euros pour une équipe de 11 personnes.
Concurrence et fiscalité ont eu raison de l'imprimerie
"Cela faisait cinq ans que je cherchais un repreneur. Mais le marché est saturé, il ne se développe plus : le repreneur ne vient pas, parce que nous faisons des documents administratifs et commerciaux, comme beaucoup de monde en France.
Et la dématérialisation est là. Avec internet, il n'y a plus de documents administratifs. Nous sommes en opposition avec les nouveaux médias."
Et le dernier redressement fiscal a fini de le blaser. Les impôts lui demandent 150 000 euros.
"J'ai été redressé au niveau de la taxe foncière. Le bâtiment de 2100 m² était considéré par les impôts comme un bâtiment commercial. Et les contrôleurs des impôts l'ont reclassé en tant que bâtiment industriel," explique-t-il.
Changeant de base d'imposition, il doit dit-il, payer "200 euros d'impôts de CFE, la contribution foncière des entreprises, chaque jour juste en franchissant mon portail !"
"Donc, j'arrête parce que fiscalement c'est impossible."
Licenciements et départ des machines à l'étranger
Malgré la reprise du fonds de commerce, neuf des dix employés de l'imprimerie bretonne ont été licenciés.
"Je n'ai jamais été en cessation de paiement. J'assume entièrement la charge des licenciements. C'est moi qui paye tout, je n'ai rien demandé à la collectivité," insiste le chef d'entreprise.
Quant aux machines, 80 % du parc a été racheté par un revendeur d'import-export. Elles devraient partir en Algérie.
"C'est un gâchis industriel et humain quand même..." déplore Jean-Yves Corre.
Une reprise partielle tout de même par un "jeune"
Bien qu'il soit très amer de ne pas avoir pu "transmettre" sa société, il passe tout de même le relais à un "jeune" d'une certaine manière. L'imprimerie Budin et fils, située en Normandie, a repris une grande partie des clients de Jean-Yves Corre.
"J'ai choisi M. Budin parce que c'est un jeune de 42 ans, qui a repris l'entreprise de ses parents. C'est une génération en dessous de moi. Il a les moyens techniques, humains et intellectuels," explique-t-il.
"Aujourd'hui il y a une concentration dans le monde de l'imprimerie, que ce soit imprimeurs continue, feuilles ou autre," confirme également Ghislain Budin, le "jeune" PDG.