Bonne nouvelle pour tous les graphistes ! Une note sur le site de Wilogo annonce la fin de cette plateforme de créations graphiques. Au 1er décembre, plus aucune commande ne sera prise et au 15 février 2016 tous les paiements et fichiers devront avoir été envoyés.
Parfait exemple du perverted crowdsourcing, ce site décliné en neuf langues proposait depuis 2006 pour une commande de création graphique (logo, bannière, webdesign, etc) de mettre en concurrence les créateurs, comme le proclame la phrase d'accroche. Ouverte à tous, amateurs comme professionnels, le site ne rémunérait que les quelques réalisations gagnantes et pour des sommes assez modiques.
Wilogo appartient à l'éditeur Adobe. En 2012, Wilogo a été rachetés par Fotolia, lui-même racheté par Adobe en décembre 2014.
Wilogo explique ainsi les raisons de cette fermeture :"Pour Adobe, le premier objectif de cette acquisition était de se développer et de se positionner sur le marché des échanges de photos. Adobe disposant déjà d'une communauté de designers (Behance) et Wilogo n'ayant pas de contacts avec Adobe Creative Cloud/Adobe Stock/Fotolia, le site Wilogo.com va fermer ses portes".
Le fast food du graphisme
Pour Stéphane Monfort, graphiste freelance avec 20 ans d'expérience, cette fermeture est sans conteste une très bonne nouvelle pour le métier.
"Ce genre de site, c'est le fast food du design graphique. Il ne va pas dans le sens du graphiste qui réfléchit au cas par cas. Je considère que ces sites comme Wilogo ou Creads sont montés par des gens d'écoles de commerce et ils profitent avant tout à eux contrairement à ce qu'ils disent. Les graphistes ne vont pas gagner leur vie avec ça et ne se feront pas connaître."
Il poursuit : "Le discours de ces sites est limite arrogant, en laissant penser que les logos des graphistes sont trop chers. C'est presque malhonnête de faire croire qu'on peut avoir un logo de bonne qualité comme ça. Un logo à 295 euros, comme c'est écrit sur leur page d'accueil, moi je ne peux pas à le faire.
Quand je vends un logo, même à une toute petite entreprise, je lui accorde un minimum de temps, pour connaître son activité et savoir comment elle a envie d'être perçue. Déjà, cette phase prend du temps. Ensuite, un logo nécessite un certain recul, un temps de maturation. Puis il faut faire deux ou trois propositions à présenter au client et revenir dessus. C'est tout une approche."
Adobe pas compatible sur ce genre de site
Pour le graphiste, Adobe ne pouvait pas d'un côté vendre des outils aux graphistes et promouvoir ce genre de "concours".
Geoffrey Dorne, graphiste et fondateur de Design & Human, est également de cet avis. Il écrit sur son blog : "Et Adobe semble avoir coupé court à cette plateforme qui n'était vraiment pas appréciée de la "communauté des créatifs" (et pour cause!) (...) Merci Adobe pour cette consciencieuse décision, je sais que votre vocation n'est pas de racheter toutes les plateformes de perverted crowdsourcing pour les fermer mais bon, je vois déjà autour de moi nombre de mes camarades designers avoir le sourire."
Et oui les graphistes s'en donnent à coeur joie sur la toile :
Aujourd'hui, on célèbre un deuil (en faisant péter quelques magnums de Champagne) : https://t.co/Ez0bMQAV7d
— Christophe Andrieu (@STPo) 2 Novembre 2015
Vu ce jour à la Chapelle Sixtine suite à l'annonce de la fermeture de Wilogo pic.twitter.com/ZGNHwklbQP
— Stéphane Chonez (@StephaneChonez) 2 Novembre 2015
De quoi se réjouir en ce Lundi de Novembre, Wilogo est mort ! Il semblerait qu'Adobe ait eu un éclair de lucidité : https://t.co/NFJnR8RmGO
— Les Graphisteries (@graphisteries) 2 Novembre 2015