En France, le marché du livre a régressé en nombre d'exemplaires (-2,8 % entre 2012 et 2013) et en chiffre d'affaires (-2,7 %), pour la quatrième année consécutive.
Selon l'étude Imprimer en France : l'avenir de la filière livre dévoilée en décembre 2015 et financée par l'Union des industries de l'impression et de la communication (Uniic) et la Direction générale des entreprises (DGE), le secteur de l'édition est devenu très concurrentiel ces dernières décennies.
Environ 5700 éditeurs - leaders internationaux et petites maisons d'édition - se partagent le marché en France en 2013 (dont 5000 "actifs", c'est-à-dire ayant publié au moins deux titres cette année-là), soit une augmentation de 16 % par rapport à 2009.
Lors de l'élaboration de l'étude, les éditeurs ont tenu à souligner le faible niveau général du prix public du livre en France.
Depuis 1998, le prix du livre augmente moins et moins vite que la presse sur papier, le cinéma, ou encore le coût moyen de la vie : en 2013, le prix moyen du livre a augmenté de 0,4 %, alors que l'indice général des prix à la consommation est monté de 0,9 %, d'après les chiffres de l'Institut national de la statistique et des études économiques (l'INSEE).
Sur la vente d'un livre, l'éditeur reçoit, comme le fabricant et le distributeur de livres, environ 15 % du prix (le détaillant percevant la plus grande part, 35 %).
Le rapport souligne aussi que le secteur est fortement concentré : 50 % du chiffre d'affaires total de l'édition est réalisé par seulement trois éditeurs, et 80 % par les dix premiers éditeurs. Enfin, 20 % des éditeurs sont à l'origine de 90 % des dépôts à la Bibliothèque nationale de France (BNF).
Production éditoriale : nouveautés en hausse et tirage en baisse
Les ouvrages de littérature (adulte et jeunesse) et des livres pratiques et de loisirs prédominent le marché, à la fois en nombre de titres publiés (47 %), mais aussi en nombre d'exemplaires et en chiffre d'affaires (littérature adulte 27 %, jeunesse 14 % et pratique 14 %).
La production éditoriale se caractérise par une augmentation régulière du nombre de titres publiés sur les quinze dernières années, essentiellement grâce aux nouveautés, d'après la base Electre citée dans le rapport.
Et les chiffres 2013 du Syndicat national de l'édition (SNE) confirment cette prédominance des nouveautés sur l'exploitation du fonds.
Deux raisons à toutes ces nouveautés. La première est essentiellement marketing : "Elle consiste à ne pas laisser les concurrents s'approprier un office afin que l'éditeur, ses auteurs et ses collections soient toujours visibles dans les circuits de vente". La seconde raison est financière. Cela permet de limiter les risques en augmentant les chances que l'un des titres soit un succès commercial.
Cependant, les auditions conduites auprès des éditeurs font apparaître une volonté de stabiliser ou réduire le nombre de nouveautés mises sur le marché.
Sous l'effet de la multiplication des titres et de l'ajustement des flux, le tirage moyen des livres baisse. Sur les quatre dernières années, cette baisse atteint les 20 %.
Cette moyenne masque une "best-sellerisation" de la production grandissante, selon le rapport : "Entre le best-seller et le marché de niche, le noyau "moyen" de l'édition a tendance à s'appauvrir."
La distribution, nouvel enjeu
Quant à sa version numérique, l'ebook n'est plus aujourd'hui une menace pour le livre papier, selon le rapport.
Ses parts de marché restent limitées (moins de 5 % du CA net des éditeurs en 2014), bien qu'elles devraient progresser encore en France dans les 10 ans à venir.
La distribution est devenue un enjeu stratégique. Les éditeurs sont également confrontés à l'extrême volatilité du marché et à l'internationalisation : "La fragilité des réseaux de distribution (disparition des librairies) et des relais d'opinion (presse, télévision), tout comme l'arrivée sur le marché de nouveaux acteurs issus du monde de l'internet remettent en cause les modèles traditionnels de la commercialisation des livres."