Le tribunal de commerce de Belfort a prononcé mardi 15 mars la liquidation judiciaire de l'imprimerie Realgraphic. Créée en 1987, Realgraphic était installée à Belfort et comptait avant sa fermeture 22 salariés qui se retrouvent aujourd'hui sans emploi.
Reprise en 2011 par Vincent Valantin et Adrien Weber, également actionnaires dans le groupe Valblor, Realgraphic rencontrait des difficultés depuis plusieurs années avec une baisse importante de son chiffre d'affaires. Après une série de licenciements en 2014, Realgraphic avait été placée en redressement judiciaire en mars 2015.
Des salariés en colère
Pour les salariés de l'entreprise, dont certains se sont exprimés dans le quotidien régional L'Est Républicain, la situation a commencé à se dégrader suite à la reprise de Realgraphic par des actionnaires de Valblor : "On a été jusqu'à 49 salariés ici. En 2012, le chiffre d'affaires était d'environ 6,5 M€. Il est descendu à un peu plus de 2 M€ en 2015".
Un autre ex-salarié, Christophe Frottier, conducteur offset, résume le sentiment dominant en affirmant que la nouvelle direction a délibérément fait couler l'entreprise. "Valblor s'est servi de nous pour avoir notre carnet d'adresses et nous a vendu son matériel vétuste", explique-t-il dans le quotidien.
Christophe Grudler, conseiller départemental de Belfort, a quant à lui fait part de son effarement et a tenu à exprimer sa solidarité vis-vis des salariés. "Je suis effaré de voir cette imprimerie, prospère il y a encore quelques années, qui employait 48 personnes, s'être petit à petit vidée de sa substance, avant d'être contrainte de fermer ses portes ce mardi. Ce n'est pas ce que nous attendions de la dernière reprise par une imprimerie de Strasbourg", a-t-il déclaré dans un communiqué.
Pour Valblor, Realgraphic a été victime de son manque de diversification
Contacté par Graphiline, Brice Valantin, directeur général de Valblor et fils de Vincent Valantin, conteste ces accusations : "je me demande quel entrepreneur viendrait couler sciemment une entreprise qu'il vient de racheter. On nous reproche notamment d'avoir revendu du matériel vétuste, mais nous leur avons seulement revendu une pelliculeuse qui était en parfait état de fonctionnement. Pendant 4 ans, nous avons mis tous les jours des moyens techniques et humains à disposition de Realgraphic et au-delà de ça, nous étions aussi devenus l'un de leurs premiers clients en leur apportant dès la première année plus d'un million de chiffre d'affaires".
Le directeur de Valblor se défend également d'avoir pris la clientèle de Realgraphic : "Realgraphic travaillait principalement sur de gros tirages de brochures, de dos carré collé, alors que Valblor est positionné sur des produits avec ennoblissements, des packagings, des courts tirages, etc. Leur clientèle n'est pas du tout compatible avec celle de Valblor et nous ne sommes pas équipés pour répondre à leur demande."
Pour expliquer la dégringolade de Realgraphic, Brice Valantin invoque plusieurs facteurs comme la vétusté d'un parc machine vieillissant ne pouvant rivaliser avec les machines dernières générations, l'état du marché en général avec une baisse de chiffre d'affaires au niveau national, le manque de différentiation et de diversification par rapport à la concurrence et également le départ de certains salariés, dont notamment une commerciale "qui représentait environ 700 000 euros de chiffre d'affaires, qui n'ont pas vraiment été récupérés".
"Realgraphic disposait d'une clientèle très orientée "prix" et malheureusement, sur un marché un peu sinistré, on arrive toujours à trouver moins cher ailleurs. Realgraphic a été un peu victime de ça", conclut Brice Valantin.
Le groupe Valblor, qui comprend une imprimerie à Strasbourg, une agence de communication, un studio de design et de fabrication de PLV et une entreprise d'étiquettes adhésives, réalise un chiffre d'affaires de 28,8 millions d'euros.