Dans une récente étude sur le rapport qu'entretiennent les étudiants à la lecture papier et numérique, l'écrivain et professeur américain Naomi Baron insiste sur le rapport physique à la lecture et les sensations qu'elle procure.
L'odeur y joue un rôle important. "Lorsque j'ai demandé aux étudiants slovaques ce qu'ils aimaient le plus dans la lecture sur papier, un sur dix a mentionné l'odeur des livres", explique-t-elle lors d'une interview accordée à New Republic.
Cette odeur est difficile à définir, et surtout elle change selon les ouvrages, notamment entre les livres anciens et neufs. Andy Brunning, un professeur de chimie britannique, s'est intéressé à la question sur son site compoundchem.com. Il explique pourquoi l'odeur des livres change avec le temps.
Pour ce qui est des livres neufs, la grande variété des composés impliqués dans leur fabrication fait que les odeurs changent d'un livre à l'autre. Néanmoins, le scientifique attribue l'odeur à trois sources principales : le papier et les produits chimiques utilisés dans sa fabrication, les encres utilisées pour l'impression, et les adhésifs servant pour la reliure.
Dégradation des produits chimiques
Dans les vieux livres, c'est la dégradation des produits chimiques qui modifie principalement les odeurs. Au fur et à mesure du temps, les composants chimiques du papier, comme la lignine, un polymère qui confère au papier une certaine rigidité, ou la cellulose, se dégradent.
En s'oxydant, la lignine se transforme en acides qui décomposent la cellulose. C'est la lignine qui rend au fil du temps le papier légèrement jaune. Les papiers de bonne qualité contiennent peu de lignine contrairement aux papiers de moins bonne qualité comme les papiers journaux.
Parmi les composés qui contribuent à l'odeur des vieux livres, le scientifique relève notamment le benzaldéhyde, qui ajouterait un parfum d'amande, l'éthylbenzène et le toluène, aux odeurs "douces", ou encore le 2-éthylhexanol, un alcool de synthèse gras qui apporterait une note "légèrement florale".