L'atelier tarnais Studio Pression a réalisé une exceptionnelle carte de vœux pour l'année 2016, utilisant des techniques d'imprimerie anciennes et modernes.
Éditée à 300 exemplaires, cette réalisation complexe a demandé beaucoup de savoir-faire, de créativité et... de patience. Mais si elle a seulement été produite en mars, elle a de quoi charmer tous ses destinataires avec sa conception créative, son graphisme soigné, ses dorures multiples avec les techniques pleine de charme du letterpress et la finesse de la gravure au laser.
Spécialisé dans l'impression typographique et la dorure à chaud, Studio Pression, a été fondé, en décembre 2011, par Jean-Christophe Bourdin, graphiste de formation et passionné de typographie. L'entreprise, qui a réalisé 110 000 d'euros de chiffre d'affaires en 2015, travaille pour des clients très divers, des particuliers, des architectes, des graphistes, des marques de luxe jusqu'aux grosses agences de pub parisiennes.
Le cylindre KSBA d'Heidelberg en pop up
Pour la nouvelle année, le directeur a décidé une très belle carte de vœux. De format 13x18 cm lorsqu'elle est fermée, cette carte, sur papier Fedrigoni Sirio Ultra Black 280g, s'ouvre sur un système de pop up reproduisant le cylindre d'impression KSBA d'Heidelberg de l'atelier. Elle a été réalisée grâce à deux OFMI et une machine de découpe laser.
La carte présente un superbe "2016" représenté avec des éléments mécaniques du cylindre KSBA dessiné à la dorure argentée et la dorure noire. Un débossage pur à chaud accompagne l'ensemble.
Lorsque l'on ouvre la carte, l'"Original Heidelberg Cylinder" apparaît en relief, sur trois profondeurs différentes. Les détails de la machine typo et du décor sont dessinés à la dorure argent, noir et or. L'arrière-plan qui représente l'atelier de Studio Pression (poteaux, fenêtre, chat et arbre) est gravé avec un laser multiniveau.
Un travail réalisé par seulement trois personnes
Cette carte aux mille détails minutieux a été réalisée entièrement en interne (excepté pour la fabrication des clichés d'impression) par les trois membres de l'équipe de Studio Pression.
Mathilde Francescatti (au centre de la photo), graphiste et pré-presse, actuellement en contrat pro, Cécile Bourdin (à gauche), la femme du directeur, qui gère l'administratif, le contrôle qualité et le conditionnement et Jean-Christophe Bourdin (à droite), qui s'occupe de la production.
"C'est ma graphiste, Mathilde, qui a développé toute la créa, explique Jean-Christophe Bourdin. Nous avons fait les tests de découpe laser, petit à petit, pour trouver les bons compromis et créer les différents volumes. Ensuite, nous avons fait des prototypes en découpe et gravure laser pour voir si visuellement tout fonctionnait. Enfin, nous sommes passés à la fabrication avec la dorure à chaud."
Deux platines OFMI, un massicot et un laser de découpe
Intercalé entre les commandes clients, ce projet a débuté au mois de novembre et finalisé au mois de mars. En tout, il aura fallu tout de même environ un mois de travail. "Ce sont les parties découpe laser et assemblages qui sont assez longues. L'assemblage, comme nous n'en produisions pas beaucoup, est un collage manuel avec du double face."
Pour la production, le typographe a utilisé ses deux OFMI, une platine GT (32x46) pour la dorure et, pour le rainage et la gravure, une platine T (26x38) et une machine de découpe laser SEI flexi 500 galvo. La découpe a été réalisée sur un massicot Polar et l'assemblage manuellement.
Un gros travail de conception en volume et de repérages
Les principales difficultés ont été au niveau de la conception, "bien mettre en place les différents volumes et créer le relief du cylindre et ensuite trouver comment le décomposer et comment conserver une bonne résistance du papier." Mais aussi des repérages très précis entre les deux couleurs, noir et argent, et qui concordent avec la découpe laser.
Le pliage et l'assemblage manuels ont également été des phases délicates. Et la dernière opération le massicotage se fait à l'unité.
Pour se faire plaisir, tester les limites
"L'idée de cette carte de vœux était de se faire plaisir et d'expérimenter en faisant des travaux que l'on ne nous demande pas forcément, se rappelle le typographe. Cela a permis à Mathilde de développer le savoir-faire en 3D de cette technique pop-up, que nous n'avions jamais eu l'occasion de faire.
Ensuite nous voulions créer quelque chose en volume, parce que nous venions de rentrer la machine de découpe laser. Nous voulions faire un boulot avec pour trouver les limites en repérages manuels de découpe et dorure à chaud."
Et mettre en avant ces vieilles machines typo qui marchent toujours
Jean-Christophe Bourdin poursuit : "Et puis, c'était pour mettre à l'honneur ces machines qui partent souvent à la ferraille ou qui restent dans un coin d'une imprimerie, mais qui sont la base de notre travail. Tous les gens qui viennent dans l'atelier pensent que c'est un musée : ils n'imaginent pas que les machines fonctionnent !"
Il faut dire que la platine de dorure date de 1951 et la presse typo la plus jeune est de 1967. Toutes les machines typo ont été utilisées pour la réalisation de cette carte, même la KSBA, qui fonctionne très bien, n'a fait que poser.
"Ce n'est pas un boulot très réaliste dans un cadre de production pour un client !, reconnaît le chef d'entreprise. Mais c'est le but de ces projets : permettre de voir les limites et les contraintes que l'on peut se mettre."