De nombreux éditeurs du monde entier convoitaient les droits de reproduction de l'étrange manuscrit de Voynich. C'est finalement la maison d'édition Siloe spécialisée dans les livres anciens et installée à Burgos en Espagne qui a été choisie par l'université américaine de Yale pour éditer une copie de cet ouvrage médiéval.
"Le Voynich est un ouvrage très curieux dont l'auteur a emporté avec lui le secret dans la tombe nous condamnant – jusqu'à présent – à une éternelle énigme", nous explique Juan José García Gil, directeur de Siloe.
Aucun cryptographe ou linguiste n'est arrivé à déchiffrer la langue utilisée dans ce manuscrit. Et ses illustrations présentant aussi bien des plantes que des femmes nues ou des dessins ésotériques, n'apportent pas non plus d'indices suffisants sur le contenu même de l'ouvrage. Procédés d'alchimie, ouvrage de médecine... les hypothèses sont encore ouvertes.
"Certains spécialistes suggèrent un travail de jeunesse de Léonard de Vinci, et l'hypothèse la plus folle parle d'un être d'une autre planète qui serait venu transmettre ses connaissances en s'internant dans un monastère éloigné !"
Une datation au carbone 14 a cependant déterminé que le vélin des 234 pages de cet ouvrage de 16 cm sur 23, avait été fabriqué entre 1404 et 1438, éliminant la possibilité que Léonard de Vinci en soit l'auteur.
La maison d'édition Siloe a désormais la mission de reproduire le manuscrit dans ces moindres détails.
"Élaborer un fac-similé n'est pas facile. L'une des difficultés majeures consiste à reproduire la détérioration que le livre a subie au fil du temps et transmettre cet aspect ancien de l'original (près de 600 ans !). Le parchemin original a des trous et des pages déjà restaurées. Les pages qui se déplient jusqu'à six fois sont d'une difficulté spéciale."
898 exemplaires devraient être publiés en fin 2017. Son prix pourrait être compris entre 7000 et 8000 euros, mais Pablo Molinero, éditeur de Siloe, nous indique que dans cette période de prépublication les prix changent assez vite à mesure que le travail avance.
"Ces copies à l'identique permettent de mettre en circulation un ouvrage de l'intérêt des spécialistes et du grand public qu'il serait impensable de sortir de la bibliothèque dans le souci de préserver sa sécurité et son intégrité. Jusqu'à présent l'original n'est sorti qu'une seule fois de son écrin pour aller à Washington lors d'une exposition sur Shakespeare à la Folger Library et cela malgré les innombrables demandes du monde entier", précise Juan José García Gil.
Et l'éditeur espère que ce tirage exceptionnel permettra de lever le voile sur les mystères de ce codex.