Interview / Succès, investissements, stratégie du groupe Morault

Grégoire Morault est le président et fils du fondateur du groupe d'imprimeries Morault.

Grégoire Morault, président des imprimeries Morault, fait pour GraphiLine, le bilan de l'année écoulée, avec les réussites, les changements, les projets 2017 du groupe Morault, mais également ce qui l'a particulièrement touché en 2016.

Équipées en offset feuille, rotatives, finition et routage, et installées dans la région Grand-Est et dans le nord-est de la France, les imprimeries Morault emploient environ 310 personnes, effectif stable, et affichent pour 2016 un chiffre d'affaires de 55 millions d'euros en baisse de 2 % par rapport à 2015. Grégoire Morault, président et fils du fondateur du groupe d'imprimeries Morault, répond à nos questions sur l'année écoulée...

GraphiLine : Vos succès 2016 ?
Grégoire Morault : Comme pour Vendée Globe, nous sommes toujours dans la course ! Nous avons un bilan positif, et dans la conjoncture, c'est déjà un succès ! Et cela peut également être amplifié par le fait que nous n'avons pas cessé d'investir en 2016.

Nous avons aussi commencé l'année 2017 avec le prix du développement pour l'imprimerie de Compiègne remis des mains du maire de Compiègne, Philippe Marini, au nom de l'Agglomération de la région de Compiègne, l'ARC. Cette récompense nous encourage à continuer à nous développer, et particulièrement localement.

Qu'est-ce qui a changé dans votre entreprise en un an ?
Nous avons poursuivi nos investissements et diminué le nombre de sites du groupe.

Aujourd'hui, nous sommes concentrés sur six sites de production (avec deux regroupements) et nous voulons rendre ces sites-là les plus performants possibles en continuant à investir dans des machines récentes.

Nous nous efforçons de les automatiser de plus en plus pour réduire le volume d'intérim chronique. Nous l'avons fait chez Est Imprimerie (à Metz, ndlr) sur les deux dernières années, où nous avons installé deux robots en sortie d'encarteuses et des chargeurs sur des machines de mise sous film.

Nous avons aussi des machines de plus en plus performantes qui intègrent des spectromètres ce qui permet de réduire la gâche. C'est aussi un objectif important : aller vers des réductions de gâche puisque les prix baissent et donc les marges brutes.

Et nous avons créé, il y a un an, sur le site de Compiègne, une activité de stockage et logistique en complément du routage.

Quels sont vos projets d'investissements 2017 ?
Nous venons d'acquérir l'imprimerie ISL (lire Le groupe Morault se renforce en région avec sa nouvelle acquisition).

Sur le site de Compiègne, qui est le site le plus important du groupe, nous allons recevoir, d'ici un mois, une encarteuse Müller Martini Primera MC 5 postes plus couverture ainsi qu'un palettiseur à couches Pluton qui va être installé en sortie de notre chaîne de dos carré collé. Si ce choix est concluant, nous installerons deux autres palettiseurs en sortie d'encarteuse-piqueuse.

Et nous allons bientôt remplacer l'une de nos deux presses offset feuilles 8 couleurs.

Nous allons aussi renforcer notre virage numérique : nous avons deux presses numériques, et à la fin du premier trimestre, nous en aurons quatre dans le groupe, notamment chez Est Imprimerie qui n'était pas équipée en numérique.

Nous aurons du numérique dans la petite et moyenne série et la personnalisation, à l'imprimerie Yvert à Amiens, et à SNAG au Havre, et en complément de séries plus importantes (comme des numéros zéro ou des tout petits encarts) à Compiègne (Telliez Communication) et à Metz (Est Imprimerie). Et ISL est aussi équipé en numérique.

Quel est l'événement 2016 du secteur qui vous a marqué ?
Ce qui m'a marqué, c'est une érosion, encore, du chiffre d'affaires - la profession affiche une baisse de - 5 à - 7 % - malgré des défaillances et des liquidations d'entreprises importantes : la baisse de chiffre d'affaires est plus forte que la réduction du nombre d'acteurs.

Et les prix en plus continuent à baisser.

Ce qui me marque aussi beaucoup, c'est qu'il n'y a aucune solidarité même si le syndicat essaye de jouer un rôle... Je constate que la filière du livre, qui paradoxalement souffre moins, arrive à se faire entendre : Bercy en fin d'année (2015, ndlr) se penchait sur la filière du livre, alors que pour la 4e fois, les députés ont envisagé de dématérialiser les documents de propagande officiels pour les scrutins électoraux. (Heureusement, pour un problème d'égalité face à la démocratie et la participation, ce projet n'a pas été voté, mais ce n'est que reculer pour mieux sauter.)
C'est une marque forte que la filière graphique n'est pas soutenue par les gouvernements.

Le marché continue à se durcir et nous ne parvenons pas à nous faire entendre. Je suis tout de même assez triste et préoccupé de ça.

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