Troisième redressement judiciaire pour E Lomag (77)

E Lomag, anciennement BRF Tech. © Google street view

Une baisse du chiffre d'affaires importante et un coût du travail plus élevé que ses concurrents ont conduit l'entreprise de brochage et de routage au tribunal et à un plan de redressement drastique.

E Lomag, repris à la barre du tribunal il y a un an et demi par France Routage, est à nouveau en proie à des difficultés financières (lire BRF Tech trouve un repreneur).

En décembre, l'entreprise de façonnage et de routage de la presse située en Seine-et-Marne a été placée en redressement judiciaire par le tribunal de Commerce de Meaux. E Lomag emploie 130 personnes pour un chiffre d'affaires d'environ 10,6 millions d'euros en 2016.

Une forte baisse du chiffre d'affaires

Pierre Jost, président de France Routage, explique cette situation : "C'est lié à la baisse du chiffre d'affaires. Nous avons une baisse des quantités, des contextures et de la présence publicitaire. En l'espace d'un an, nous avons perdu deux millions d'euros de chiffre d'affaires, sans pour autant faire d'économie sur la masse salariale."

Il poursuit : "Nous avons récupéré un certain nombre de clients pour compenser la baisse des volumes et cela nous a contraints à réorganiser le temps de travail."

En septembre, a été mise en place une modulation du temps de travail. Ce dispositif réduisait de trois heures par semaine le nombre d'heures travaillées (35 h) qui étaient transférées dans un compte épargne temps, pour ensuite être utilisé lors des fortes charges de travail.

Une grève qui tombe mal

"Cette modulation a été pratiquée pendant deux mois et nous a permis de rétablir les comptes. Mais le personnel a demandé à ce que l'on arrête cette organisation bien que nous ayons des accords de modulation dans l'entreprise", déplore-t-il.

Le 23 novembre, le personnel entre en grève pour une durée illimitée. 24 heures après, la direction cède : "Nos clients ne peuvent pas accepter que leur publication ne sorte pas."

Ce mouvement social aurait même fait fuir le nouveau client venu à l'entreprise le même jour ainsi que deux en prospection. Selon le délégué FO (deuxième syndicat derrière la CFDT), Alphonse Swahele, cette grève dont il n'est pas à l'origine, est mal tombée et a amplifié les problèmes de l'entreprise.

Des mesures pour abaisser le coût du travail et redevenir compétitif

Le 12 décembre, le tribunal ouvre une procédure de redressement judiciaire pour permettre à l'entreprise de se restructurer. "Il faut pouvoir s'adapter, mais s'adapter durablement" prévient le pdg.

Pour redresser la barre "durablement", la direction, en négociation avec les salariés, souhaite abaisser le coût du travail. Elle compte réduire l'effectif de 42 personnes, appliquer les salaires de la convention collective et supprimer la semaine parisienne.

"La moyenne des salaires est supérieure de 19 % à la convention collective, et en plus, nous avons la 6e semaine de congé payé", affirme Pierre Jost. La direction propose de ne pas baisser les salaires nets mais d'augmenter le temps travaillé. "Nous serons alors compétitifs."

De son côté, le délégué FO assure que "la réorganisation passera par la négociation."

Le chef d'entreprise souligne : "Cette entreprise en est quand même à son troisième dépôt de bilan. Ce n'est peut-être pas la qualité des dirigeants ou des actionnaires précédents qu'il faut remettre en cause... Il y a peut-être un sujet un peu plus fondamental : le coût du travail. Il faut absolument que les syndicats entendent qu'il faut s'adapter au marché pour faire face à la concurrence."

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