Ellen Guyot est illustratrice et graphiste freelance. Après des études d'illustration et de bande dessinée à l'École Pivaut (Nantes), elle s'est spécialisée dans le textile. Elle nous parle de son métier, de la difficulté de choisir ses clients et de ses collaborations avec les imprimeurs.
En quoi consiste ton travail ?
Ellen Guyot - Je me suis spécialisé dans le secteur du textile. Je travaille principalement pour des marques de vêtements et plus particulièrement des vêtements enfants. En tant que designer graphique, le travail pour l'enfant est très intéressant, car il laisse une grande liberté de création dans le choix des dessins. Je fais des motifs exclusifs et également de grandes illustrations placées sur des t-shirts. Si par exemple un styliste veut un t-shirt sur le thème du zoo, je peux dessiner des dinosaures, des tigres, des rhinocéros et imaginer de petites histoires.
Comment choisit-on ses clients lorsqu'on est graphiste indépendant ?
EG - J'ai deux problématiques principales. Dans le domaine du textile, le marché français est particulièrement confidentiel. Il est très difficile pour un graphiste indépendant qui ne dépend pas d'une agence d'entrer en contact avec les marques.
Je suis dans le milieu depuis trois ans et je me rends compte que ma clientèle se forme surtout par le bouche-à-oreille. Lorsqu'une collection marche bien chez tel ou tel client, je suis contacté par de nouveaux clients qui veulent collaborer avec moi. Mais c'est très dur de les démarcher au départ, il faut faire ses preuves.
Un second point plus personnel est que j'essaye au maximum de travailler avec des marques qui ont une démarche écologique. Mais c'est encore difficile, c'est un marché émergent et les marques qui débutent n'ont pas forcément les moyens de travailler avec un graphiste. Elles traitent directement avec les fournisseurs de tissus et les imprimeurs textiles.
Tu travailles avec les imprimeurs ?
EG - Oui, car je suis mes visuels du début à la fin. La première partie, la plus artistique est celle où je dessine. Je peux passer une journée sur un seul modèle. Je dois faire l'illustration, parfois des zones avec des motifs ou encore des étiquettes de marques qui peuvent être exclusives à une seule pièce.
J'envoie ensuite mon travail à la directrice artistique et si le projet est validé, je rentre en contact avec les sérigraphes et imprimeurs. La plupart du temps, ils sont en France mais parfois aussi en Inde ou au Bangladesh.
Je réalise un dossier technique avec des pantones, etc., et l'imprimeur me renvoie des essais graphiques, un peu comme un BAT mais dans le textile. J'ai beaucoup d'échanges avec les imprimeurs français. Les marques ont tendance à favoriser un imprimeur parce que les premiers visuels qui sont tirés servent ensuite aux défilés. Donc lorsque je travaille avec une nouvelle marque, je rencontre généralement son imprimeur-sérigraphe qui est aussi souvent brodeur.
À partir de là, le contact s'établit et je peux travailler avec lui. Je peux échanger sur ce qui est faisable ou pas d'un point de vue technique : par exemple si je veux travailler avec des apports de feutrines ou des impressions textiles un peu particulières comme du transfert ou rajouter de la broderie par dessus une impression. L'objectif est de pouvoir adapter mes idées au concret.
Je travaille avec des imprimeurs-sérigraphes, sérigraphes et brodeurs, ou des imprimeurs qui font également de l'édition et de l'évènementiel. Globalement, j'ai l'impression que les imprimeurs cherchent à se diversifier pour avoir des marchés très différents.