"En arrivant au Japon, j'ai fait un constat surprenant : les graphismes des packagings de produits étaient plus souvent ringards et "old school" que modernes et avant-garde. Je ne m'attendais pas à cela de la part d'une ville aussi mondiale que Tokyo.
J'ai ensuite compris ensuite pourquoi, en tant que graphiste et communiquant, je ressentais cela : outre les différences culturelles évidentes d'un peuple à l'autre (et à plusieurs milliers de kilomètres), je Japon a un rapport au passé et à l'héritage culturel bien différent de celui de la France. En deux mots, la modernité fascine mais inquiète, quand nous aimons révolutionner et reformer les choses.
Je ne retrouve pas ici la même quête d'innovation. Les Japonais sont plus attachés à maitriser un geste, à faire quelque chose de la manière la plus parfaite possible, quand nous Français recherchons plutôt comment la refaire ou changer de système. Notre Graal serait de trouver une nouvelle manière de faire, quand celui du Japon me semble être plutôt de trouver comment atteindre la perfection.
Si l'on transposait un hanabi (feux d'artifice en été), avec ses centaines de personnes en kimono, ses lampions, ses fumées de barbecues de brochettes de poulet, en Europe, ce serait comme observer des dizaines de garden-partys avec des femmes habillées en Marie-Antoinette, des hommes en perruques et souliers, et dans les assiettes du cochon à la broche et du cassoulet. Ce ne sont pas des choses imaginables en France, sans passer pour réactionnaire."