Michel Dumarché, directeur commercial chez Pitney Bowes, est le nouveau président du Syndicat national des fournisseurs pour les industries graphiques (SIPG) depuis janvier 2018. Il nous présente les grands chantiers de l'organisme qui regroupe la majorité des fournisseurs d'équipements et de consommables, du prépresse à la finition.
GraphiLine : Quels sont les objectifs en 2018 du SIPG ?
Michel Dumarché : La grosse difficulté de notre filière est de recruter des jeunes, aussi bien pour nous, fournisseurs, que pour nos propres clients.
Et la deuxième problématique est d'arriver à recruter des jeunes avec un background technique arts graphiques.
Nous travaillons donc sur ces deux chantiers : le déficit d'attractivité au sein de notre filière et le manque de formations.
Pourquoi les arts graphiques n'attirent-ils pas les jeunes ?
Le jeune public et leurs parents ne connaissent pas suffisamment les capacités de nos métiers à les accueillir dans les industries graphiques et dans la communication. Ils n'ont pas la notion de volumétrie, de chiffre d'affaires et de perspective d'avenir dans cette profession.
Pourtant, la filière arts graphiques compte environ 27 000 entreprises - plutôt des TPE et PME (la moyenne de nos clients sont des entreprises de 8 à 25 personnes), réalise 30 milliards d'euros et emploie 99 000 à 100 000 salariés.
De plus, de par la technicité des équipements et des solutions, la filière permet de valoriser la notion d'études supérieures, aussi bien les bac pro que les diplômes d'ingénieurs. Et les salaires sont intéressants par rapport à d'autres domaines d'activités !
Le manque d'attractivité est aussi lié au fait que les médias évoquent que nous allons vers le zéro papier, notamment dans la grande distribution. Édouard Leclerc était le précurseur de ce message. Cela a fait un buzz négatif puis un buzz positif avec le retour sur cette décision. Mais sur le fond, le public a retenu que l'on détruisait des forêts pour faire du papier…
Nous devons donc faire un travail de communication pour améliorer l'attractivité de la filière.
Quels sont les secteurs et postes concernés par le problème de formation ?
Cela touche tous les secteurs, aussi bien l'impression, la signalétique, la sérigraphie, le packaging que le prépresse.
Nos clients nous interpellent sur le manque d'opérateurs machines, le cas le plus fréquent, mais aussi sur d'autres postes. Par exemple, à Pitney Bowes, nous avons des demandes pour des postes type ingénieur, bac pro ou type management.
Ce problème de formation vient-il de l'évolution du secteur ?
En partie. Il est vrai que de nouveaux métiers sont apparus ces 5/10 dernières années. Les opérateurs de presse numérique doivent avoir des formations beaucoup plus poussées dans la compréhension des softwares, qu'un conducteur offset qui a plus de connaissances en colorimétrie ou en gestion mécanique de l'outil industriel. La technologie évolue aussi plus vite que les formations (comme dans beaucoup d'autres domaines d'ailleurs).
Et cette évolution, notamment du numérique, amène à embaucher des gens qui ne sont pas toujours issus des filières arts graphiques. Donc, avec un manque de compétences et de compréhension de nos métiers, ce qui se traduit par un turnover assez important.
Enfin, avant, il y avait du "coaching" en entreprise : les nouvelles recrues étaient formées par un parrain. Aujourd'hui, c'est de moins en moins possible, du fait des effectifs qui diminuent. Mais on demande toujours aux gens qui intègrent l'entreprise d'être extrêmement performants et très vite.
Quelles sont les solutions que vous envisagez pour remédier à ces problèmes de formation ?
Nous travaillons sur différentes réflexions.
Le SIPG pourrait, notamment, mettre en œuvre des formations en interne : nous avons des showrooms que nous pourrions laisser à disposition avec un formateur et un démonstrateur, aussi bien à des organismes de formation qu'à des groupements d'imprimeurs.