Vendredi, la justice américaine a bloqué temporairement l'absorption du groupe américain Xerox par le Japonais Fujifilm, annoncée fin janvier, révèle le Wall Street Journal.
Le juge Barry Ostrager de la Cour suprême de Manhattan a désapprouvé le directeur général de Xerox, Jeff Jacobson, et son conseil d'administration. "Cette transaction a été négociée par un CEO massivement en conflit avec ses obligations fiduciaires afin de favoriser son propre intérêt", a-t-il estimé.
Il accorde la demande d'injonction contre la transaction, un fait rare dans les fusions et acquisitions et cette décision bloque la transaction jusqu'à ce que le tribunal rende sa décision finale.
La justice américaine donne ainsi raison à l'un des principaux actionnaires de Xerox, Darwin Deason, qui a saisi la justice en février pour s'opposer à cette opération. Il est soutenu par un autre investisseur de Xerox, Carl Icahn.
L'année dernière, Carl Icahn avait presque convaincu le conseil d'administration de Xerox de remplacer son directeur général. Il avait dans une lettre ouverte publiée en décembre vivement critiqué Jeff Jacobson : "Malgré nos efforts, les administrateurs de la 'vieille garde' défendent encore remarquablement un CEO incapable de lancer de nouveaux produits qui font plus que rattraper les concurrents et incapable de reconnaître que seule la réduction des coûts – notamment dans les ventes, marketing, R et D et service à la clientèle – n'est pas une formule pour changer la trajectoire actuelle alarmante des baisses annuelles du chiffre d'affaires."
L'accord, annoncé fin janvier, prévoit que Xerox se fonde dans la coentreprise Fuji Xerox, déjà existante, passant ainsi sous le contrôle du groupe japonais. À l'issue de cette opération, Fujifilm devait contrôler 50,1 % de Fuji Xerox, contre 49,9 % pour les actionnaires existants de Xerox, qui devaient recevoir un dividende exceptionnel de 2,5 milliards de dollars. (Pour plus de détails, lire Fujifilm absorbe Xerox et donne naissance à New Fuji Xerox.)