L'imprimerie de la prison de Caen va fermer ses portes. L'association Artec, qui forme les détenus du centre pénitentiaire de Caen aux métiers de l'imprimerie depuis 1985, s'est vue notifier un avis d'expulsion par l'administration pénitentiaire.
Les subventions coupées, le début de la fin
Pour sauver ce lieu unique en France, Jean-Baptiste Delaby, le président de l'Artec, s'est pourtant battu.
L'année dernière, l'imprimerie qui était jusque là financée à 40 % par la région a été coupée de subventions. Pour continuer son activité, l'Artec devait trouver 45 000 euros.
Car malgré une clientèle composée d'associations et de particuliers, l'imprimerie est avant tout un prestataire de formation et n'a donc pas vocation à être totalement rentable, nous expliquait alors Jean-Baptiste Delaby.
Un appel aux dons lancé par l'imprimeur avait permis de récolter près de 8000 euros. Une somme suffisante pour prolonger un peu l'activité de l'association mais pas assurer sa pérennité.
Une lettre d'expulsion arrivée fin août
Le coup de massue est tombé mi-août. L'administration pénitentiaire a envoyé un courrier pour notifier sa décision d'expulsion de l'atelier de 180 m2. À Tendance Ouest, Jean-Baptiste Delaby explique : "J'ai vu cette lettre en rentrant de vacances". Aucun motif, aucune explication.
L'association doit avoir quitté les lieux d'ici le 10 décembre prochain. Elle doit désormais préparer la cessation d'activités et trouver des acquéreurs pour ses équipements.
L'imprimerie possède deux presses offset Ryobi, une 4 couleurs (la quadri est nécessaire pour présenter le bac pro), une monochrome, ainsi que deux imprimantes numériques.
33 ans d'existence
Les détenus qui ont passé leur brevet professionnel en juin de cette année ne pourront par conséquent pas se présenter aux examens du Baccalauréat professionnel des industries graphiques en juin 2019, regrette Jean-Baptiste Delaby.
Née de la volonté de l'ancien ministre de la justice Robert Badinter, surtout connu pour combat contre la peine de mort, l'imprimerie de l'association Artec aura formé plus d'une centaine de détenus durant ses 33 années d'existence.