C'est une affiche qui ne recense rien de moins que tout le patrimoine écrit, plus précisément les 292 systèmes d'écritures de l'histoire de l'humanité.
Morgane Pierson est graphiste et chercheuse à l'Atelier national de recherche typographique (Anrt) à Nancy. Elle fait partie du projet « The Missing Scripts », dont la vocation est de valoriser la variété des écritures du monde (lire Un projet typographique collaboratif pour valoriser la variété des écritures du monde). Elle nous en dit plus sur les origines de cette affiche.
Pouvez-vous nous expliquer ce que représente cette affiche ?
La création de l'affiche The World's Writing Systems était notre première étape dans le projet The Missing Scripts. Imprimée en sérigraphie quatre couleurs à Lézard Graphique, elle comprend 292 glyphes, un pour chacun des systèmes d'écriture de l'humanité.
Tout comme le caractère « A » représente le latin, chaque système d'écriture est représenté par un signe emblème. Les écritures sont classées de manière chronologique. Les codes colorés permettent de discerner celles déjà représentées dans l'Unicode 11.0 et celles qui n'ont pas encore d'existence typographique. Les différentes couleurs permettent aussi de distinguer les systèmes d'écriture historiques et ceux encore utilisés de nos jours.
Après que nous l'ayons dévoilée au public lors du congrès de l'ATypI à Anvers en septembre 2018, Johannes Bergerhausen a travaillé à la création du site theworldswritingsystems.org permettant de partager le projet au plus grand nombre.
Quel est votre rôle au sein du projet « The Missing Scripts » ?
Mon rôle est d'étudier et numériser les systèmes d'écriture n'ayant jamais eu de forme typographique. Toute la difficulté est que nous devons adapter des formes manuscrites, épigraphiques, calligraphiques, etc. n'ayant jamais eu de forme typographique, donc qui ne sont pas standardisés.
La première étape du projet était d'abord un travail de recensement. À présent nous travaillons à créer des polices de caractères pour ces missing scripts à destination de différents utilisateurs (épigraphistes, archéologues ou utilisateurs lambdas).
Arthur Francietta, mon prédécesseur sur le projet, a par exemple dessiné une police pour le palaeohispanique à la demande de paléographes de l'université de Barcelone. Pour ma part je travaille actuellement sur l'elymaic, un alphabet ancien d'Iran, descendant du phoenicien et proche de l'hébreu.