Le recyclage du plastique est-il un mythe ? C'est en tout cas ce que soutient une enquête publiée dans le journal britannique The Guardian. Selon le quotidien, trier nos déchets plastiques ne servirait à rien !
Où vont nos déchets ?
Oliver Franklin-Wallis, le journaliste qui a enquêté pour The Guardian, retrace le parcours d'un déchet en prenant l'exemple d'une bouteille plastique. Une fois jetée à la poubelle, celle-ci devient la propriété de l'industrie des déchets qui cherche à la valoriser pour en tirer un profit. Or, les déchets plastiques ne valent pas grand-chose. C'est pourquoi ils sont le plus souvent vendus à l'étranger, explique l'enquête.
Encore récemment la Chine était le plus grand marché international du recyclage de plastique. Les pays occidentaux y exportaient en moyenne entre 30 et 40 % de leurs papiers et plastiques. Mais en 2018, le pays a interdit 24 types de déchets sur son territoire, principalement du plastique et du papier-carton.
Une décision qui serait la conséquence de la diffusion du film Plastic China. Ce documentaire qui a reçu de nombreuses récompenses internationales suit le quotidien Yi-Jie, une jeune fille non scolarisée de 11 ans dont la famille travaille et vit dans un atelier de recyclage de déchets ménagers également connu sous le nom de « Nations Unies des déchets plastiques ». On y découvre des familles qui recyclent les déchets à mains nues et souffrent de dommages irréversibles afin de gagner leur vie. Le plastique récupérable en granulés peut ensuite être vendu aux fabricants.
Suite à la décision de la Chine, les Occidentaux se sont rapidement tournés vers d'autres pays comme la Thaïlande, l'Indonésie, la Malaisie ou le Vietnam. Or dans ces pays, comme en Chine, les déchets sont souvent brûlés ou abandonnés, finissant par se retrouver dans les rivières et les océans, explique l'enquête de The Guardian.
Selon Greenpeace, moins de 10 % du plastique produit dans le monde est aujourd'hui recyclé. Ce qui signifie que le reste a été incinéré, rejetant des particules toxiques dans l'air, ou gît dans les océans et dans la nature.
Et si on arrivait au 100 % recyclage ?
Adopté en janvier par le Parlement, le projet de loi contre le gaspillage fixe à 100 % l'objectif de plastique recyclé d'ici à 2025 (contre 26 % des emballages plastiques recyclés en France en 2016, selon les chiffres de Plastics Europe).
Mais pour Nathalie Gontard, directrice de recherche à l'Institut national de la recherche agronomique (INRA), recycler 100 % des plastiques à l'infini est une illusion. Le « vrai » recyclage, au sens de l'économie circulaire, qui consiste en ce qu'un déchet redevienne sa matière d'origine, est un processus qui ne fonctionne pas pour les plastiques, explique-t-elle dans une interview accordée au journal Le Monde.
La directrice de l'Inra préfère employer pour le plastique le terme de « décyclage », soit transformer un objet plastique en objet de moindre qualité. Mais après cette première transformation qui les dégradera encore plus, les plastiques deviendront impropres à tout nouveau recyclage et finiront à la décharge, incinérés, ou dans la nature.
« Nous focaliser sur un objectif 100 % recyclage impossible à atteindre détourne notre attention de toutes les autres mesures à prendre, qui sont à la portée de tous, dès maintenant, pour réduire notre consommation de plastique », souligne-t-elle.
Un déchet qui n'existe pas n'a pas besoin d'être recyclé
Greenpeace fait le même constat : recycler ne fait que retarder l'inévitable. Chaque recyclage baisse la qualité du produit obtenu : le produit est dégradé, la matière est exposée à des risques de contamination pour le consommateur, les emballages alimentaires devant rester stériles. Et tôt ou tard, le plastique finit en déchet non recyclable. Dès lors, pour les défenseurs de l'environnement, l'unique solution pour diminuer la consommation de plastique est de ne pas le produire.