Le tribunal de Commerce de Paris a tranché. Vendredi, il a accepté la seule offre de reprise de Presstalis déposée, celle de la Coopérative des quotidiens de Presstalis.
Le siège parisien du principal distributeur de presse en France est ainsi placé en redressement judiciaire pour une période d'observation de deux mois ainsi que ses activités de distribution et de groupage de Bobigny en Seine-Saint-Denis (Mercuri, VIP, CCEI, Export presse et Ocyto).
Quant à ses filiales régionales - la Société d'agence et de diffusion (SAD) et la Société pour la promotion et la communication (Soprocom), elles sont purement et simplement liquidées, sans poursuite d'activité.
Avec ce plan soutenu par la direction de Presstalis, environ 260 emplois sur les 900 du groupe sont conservés.
Un plan de reprise dénoncé et contesté par la CGT
Le Syndicat général du livre et de la communication écrite (SGLCE-CGT) était mobilisé depuis mardi contre cette liquidation partielle. De nombreux titres nationaux et certains magazines en province n'avaient pu être distribués et plusieurs imprimeries ont été bloquées (comme le site d'impression du journal Le Progrès à Chassieu dans le Rhône).
Le syndicat comptait sur une offre qui était en cours de finalisation de la Coopérative des magazines de Presstalis (CDM) pour sauver les dépôts régionaux, offre complémentaire à celle de Coopérative des quotidiens.
"Certes, plusieurs points restaient à régler pour finaliser le dossier, mais, de notre point de vue, la proposition de la CDM autorisait la poursuite des discussions sur de nouvelles bases dans la perspective d'un règlement global. (...) Par sa décision,le tribunal de commerce de Paris ravive les tensions déjà fortes. D'ores et déjà, notre syndicat engage une action juridique en appel pour contester cette décision."
Vers une "refonte complète du système" de distribution de la presse
Deux administrateurs judiciaires assistent désormais Presstalis dans cette période d'observation de deux mois (renouvelable) afin de finaliser la reprise et "pour garantir une continuité de la distribution au bénéfice de l'ensemble des acteurs de la filière de distribution de la presse quotidienne et magazine", indique la direction de Presstalis dans un communiqué.
"L'objectif est de bâtir une messagerie capable de répondre aux enjeux de la filière au cours des prochaines années et préparer une refonte complète du système dans le contexte de la nouvelle loi Bichet" précise-t-elle.
Une crise financière accentuée par le coronavirus
Presstalis était en cessation des paiements depuis le 20 avril "en proie à de graves difficultés économiques et financières", et ce "malgré des efforts répétés de restructuration et l'appui constant des pouvoirs publics". Et les deux coopératives qui constituent le groupe, la Coopérative des magazines et celle de la presse, n'étaient pas arrivées à trouver un accord.
"La crise sanitaire sans précédent du Covid-19 et ses conséquences sur le secteur de la presse ont contribué à accélérer très significativement la dégradation des équilibres financiers du groupe" tient à souligner la direction.
"L'absence de volonté commune entre quotidiens et magazines menaçait très directement la totalité des 900 salariés du groupe et risquait de fragiliser encore davantage l'ensemble d'une filière composée d'éditeurs, d'imprimeurs, de dépositaires, de diffuseurs et de transporteurs dont les difficultés récurrentes sont amplifiées par une crise sanitaire sans précédent."