"Je voulais prendre la parole aujourd'hui pour partager avec vous ce que l'on a vécu pour obtentir le PGE, annonce dans une vidéo postée sur Linkedin Jean-François Jamelot, à la tête de l'imprimerie JFJ Rotogaronne, située à Agen dans le Lot-et-Garonne. "J'entends dire que 97,5 % des entreprises qui en ont fait la demande l'ont obtenu… On doit faire partie des 2,5 % qui restent."
"Mais tout ça, ce ne sont que des mots"
Jean-François Jamelot a repris l'entreprise rotativiste Rotogaronne en février 2019. "J'avais besoin de dire ce qu'il se passe vraiment derrière tous ces effets d'annonce, derrière les beaux discours de façade, nous explique-t-il. On ne peut pas entendre à la radio à la télé, à longueur de journée que le PGE, c'est juste un coup de fil et que tout le monde y aura droit. Si on reprend le discours de notre cher président, il dit : 'Ca coûtera ce que ça coûtera'. Mais tout ça, ce ne sont que des mots."
Et le refus de la banque ne passe pas. "Je l'ai mal vécu. J'ai racheté Rotogaronne parce que l'impression roto c'est une passion. Je crois en ce projet ! Ça fait deux ans que je travaille dessus, c'est deux ans d'implication à 200 % ! On a fait 10 mois d'exercice conforme aux prévisions, et cette saloperie vient tout ruiner. Et je ne suis pas tout seul dans l'histoire, j'ai 21 familles avec moi. Si on avait été dans une situation financière catastrophique, j'aurai mieux compris. Mais là…"
Avec le confinement, l'imprimerie spécialisée dans la presse et le magazine a perdu 60 % de son chiffre d'affaires du jour au lendemain. "Ce qui nous a sauvés, c'est notre socle de clients de la presse hebdomadaire régionale et de la presse agricole qui ont continué à paraître pendant toute la crise. Sans eux, c'était l'arrêt total de l'imprimerie."
"Il faut soutenir aussi les petites industries"
Finalement il a réussi à obtenir la moitié du montant qu'il demandait grâce à l'appui de l'ancien actionnaire de Rotogaronne.
"Sans son appui, c'était 21 gars à Agen dont tout le monde se fout qui seraient au chômage ! On file 7 milliards d'euros à Air France, 5 à Renault et nous, on demande juste le droit de continuer. C'est ça qui me met en colère : il faut soutenir aussi les petites industries. Il ne faut pas oublier que les PME sont les premiers employeurs en France. Je suis écœuré et je pense que je ne suis pas le seul à vivre ça."
"Maintenant, mes 21 gars et moi on va rien lâcher, croiser les doigts pour que l'économie reparte et ça ira.
Le monde d'après plus près
"Je fais partie des gens qui aimeraient qu'il y ai un avant et un après (bien que je sois très pessimiste à ce sujet). Dans le monde d'après - et je parle pour moi et mes confrères - les grandes centrales d'achat et les agences regardent autour d'elles avant de passer les frontières pour donner leur volumes. On n'est pas toujours plus cher, on est flexible, on travaille bien voire mieux !"