Les encres d'imprimerie contenant des huiles minérales seront bientôt interdites en France. Dès 2021, la présence d'encres à huile minérale dans les imprimés induira un malus de la taxe Citeo de 10 %, puis en 2022 de 20 %. Et l'article 12 de la loi sur l'économie circulaire va plus loin : dès le 1er janvier 2022, ces consommables seront à proscrire dans les emballages, à partir du 1er janvier 2023, dans les prospectus publicitaires et les catalogues non adressés, et à compter du 1er janvier 2025 dans les impressions à destination du public.
Les encres utilisées dans l'impression offset heatset sont particulièrement concernées par ces nouvelles mesures. Ces interdictions visent principalement à éviter les contaminations lors du recyclage du papier et des papiers-cartons d'emballages.
L'organisme chargé par l'État du recyclage des emballages ménagers et des papiers graphiques, Citeo, avec un groupe de travail dont fait partie l'Union nationale des industries de l'impression et de la communication (Uniic), a été missionné par le gouvernement pour définir les conditions d'applications du décret de l'interdiction des huiles minérales.
Tester les encres sans huile minérale en production réelle avant l'interdiction
Actuellement, il existe trois types d'encres sans huile minérale : les encres dites blanches, les encres à base d'huile végétale et les encres biosourcées, les deux dernières ayant un surcoût plus important.
Des tests de ces encres sans huile minérale ont été déjà effectués sur de courts tirages. "Nous avons demandé des tests grandeur nature, sur une longue période et sur de vrais jobs, de façon à prouver que les encres alternatives sont techniquement et économiquement acceptables pour les imprimeurs", explique Matthieu Prevost, responsable environnement à l'Uniic.
Une aide technique et financière pour les imprimeurs
Citeo lance donc un appel à condidatures pour tester sur des dossiers clients l'une de ces trois encres. L'appel à candidatures est à destination des imprimeurs équipés de rotatives offset avec sécheurs thermiques à air chaud (headset). Les imprimeurs sélectionnés pour ce test bénéficieront d'une aide technique et d'une aide financière. Des consultants seront à leurs dispositions avant et pendant les essais et selon leur parc machine ils toucheront un forfait de 6 000 à 10 000 euros HT (selon le nombre de format de leurs rotatives).
"C'est un projet de R et D complet car il embarque toute la chaîne graphique. Il faut monter une équipe qui impliquera les fournisseurs d'encre, les conducteurs offset, la direction et le client, précise Matthieu Prevost. Ce test d'encres sans huile minérale intéressera tous les clients sensibles à ces problématiques. C'est un atout concurrentiel de poids auprès d'eux."
Rouler pendant un mois avec l'une des encres alternatives
L'imprimerie devra imprimer trois dossiers pendant un mois avec son encre traditionnelle qui sera l'encre de référence, puis rouler pendant un autre mois trois autres jobs avec l'encre alternative qu'ils auront préalablement choisie.
La production devra être suivie avec notes et photos et le rapport rendu avant le 30 juin 2021.
Des exemplaires pris au hasard seront comparés par Citeo selon deux critères principaux à savoir l'imprimabilité et la qualité d'impression.
Un test qui permettra de devancer les questions des clients
"Les pouvoirs publics ont mis en place un système incitatif avec des malus de l'écocontribution Citeo pour le donneur d'ordre. Dès 2021, les imprimeurs devront donc être en mesure de proposer des solutions permettant à leur client de ne pas avoir à subir cette hausse, souligne le responsable environnement de l'Uniic. Au-delà de ça, ce projet est l'occasion pour les imprimeurs de s'approprier les encres alternatives, de vérifier eux-mêmes la compatibilité avec le parc machine actuelle et de valider ou non la solution technique et la viabilité économique."
Les candidatures sont à envoyer avant jeudi 1er octobre 2020 (23h59). Les entreprises seront informées de la décision de sélection le 16 octobre 2020 et la contractualisation avec les imprimeurs retenus devra être finalisée avant fin novembre 2020.