En 2016, nous vous présentions, une encre particulière créée par hasard par deux Américains : une encre à base d'algues qui se révèle petit à petit, au bout de quelques jours grâce la lumière (lire Living Ink, l'encre à base d'algues qui ne se révèle pas immédiatement). Les inventeurs, Scott Fulbright et Steve Albers, avaient alors créé l'entreprise Living Ink pour commercialiser un stylo avec cette encre. Depuis, les deux fondateurs ont considérablement développé leur idée de départ : loin de l'objet gadget, ils proposent désormais Algae Ink, une encre d'imprimerie noire, immédiatement visible, et annoncée comme la première encre à bilan carbone négatif et la première encre dont les pigments sont biosourcés.
Des algues pour remplacer le noir de carbone des encres d'imprimerie
Ce serait ainsi l'encre la plus durable au monde. Car si certains fabricants ont remplacé l'hydrocarbure servant de véhicule dans l'encre traditionnelle par des composants plus écologiques comme l'eau ou les huiles végétales, aucun n'était jusqu'ici parvenu à éviter la présence des pigments (soit environ 20 % de l'encre) à base de combustibles fossiles. Living Ink a réussi ce tour de force grâce aux algues.
Algae Ink est fabriqué à partir des sous-produits d'algues cultivées par une entreprise californienne. Les algues, la spiruline, sont cultivées pour leur colorant bleu, appelé phycocyanine, qui est extrait et utilisé comme colorant alimentaire. Et c'est le matériau restant que Living Ink utilise comme pigment noir. Ce pigment est produit en poudre sèche et en pigment liquide. Il est utilisé dans l'encre Algae Ink, mais il peut aussi colorer les plastiques, les cosmétiques et les produits textiles. Dans l'encre d'impression, il remplace le noir de carbone qui est dérivé du pétrole lourd.
L'Algae Ink, une encre d'impression à bilan carbone négatif
Produits à grande échelle, les pigments noirs d'algues sont négatifs en carbone, car lorsqu'elles poussent, les algues absorbent le dioxyde de carbone atmosphérique et l'encre capture ce carbone dans le pigment noir.
"45 livres d'Algae Ink que nous produisons (soit environ 20,4 kg) évitent l'utilisation de 22,5 livres de pétrole brut (soit 10,2 kg)", nous indique Scott Fulbright, PDG et co-fondateur de Living Ink.
Des impressions plus vertes en offset, flexo et sérigraphie
L'Algae Ink n'existe actuellement qu'en noir. "Cependant, notre noir est aussi noir que le noir de carbone traditionnel, tout en étant résistant à la dégradation par la lumière UV (c'est-à-dire qu'il ne se décolore pas)" précise son créateur.
Algae Ink se décline en encre flexographique à base d'eau pour les polymatériaux et carton, en encre offset à base végétale pour papier non couché et couché, en encre sérigraphique à base d'eau pour les textiles et pour les papier et carton. Elle s'utilise comme une encre classique, sur des machines traditionnelles.
L'Algae Ink offset contient 86 % de composants biorenouvelables et l'Algae Ink flexo plus de 90 %.
Lancée en 2019, l'Algae Ink est aujourd'hui utilisée régulièrement par l'imprimerie Ecoenclose, située au Colorado, pour l'impression d'emballages, et par l'entreprise coloradienne D&K Printing pour la production de magazines, de brochures, de livres (comme le guide Boulder Guide Book) et de cartes de visite.
Le produit est distribué directement par Living Ink dans le monde entier.