"Crises sociales 2018, 2019, covid, puis confinement 1 et 2… Ou comment une entreprise qui existe depuis 17 ans se retrouve au bord du gouffre… en moins de deux ans." Voici le triste constat de Virginie Blanc, alias Sergent Vic, fondatrice et dirigeante de Sergent Paper. Mais Sergent Vic ne se laisse pas abattre et monte au front. Elle lance un grand appel à l'aide pour sauver son entreprise toulousaine qui a subi un enchaînement d'événements malheureux.
Avec une clientèle principalement composée de commerçants et issue du monde du spectacle, l'entreprise affichait un chiffre d'affaires stable depuis plusieurs années (entre 1,2 et 1,3 million d'euros) et avait décidé de passer à la vitesse supérieure, en déménageant son atelier de production pour passer de 600 à 2000 m2.
Premier bilan dans le rouge depuis 17 ans
Inauguré en octobre 2018, l'atelier s'est tout de suite trouvé confronté à une forte baisse d'activité liée aux nombreuses manifestations sociales : un tiers de sa clientèle est composé de commerçants qui ont baissé le rideau le temps de cette crise. Pendant quatre mois, le chiffre d'affaires de l'entreprise est amputé de 30 % par rapport au prévisionnel, faisant basculer son bilan annuel dans le rouge (fin 2019) à -188 000 euros.
"Ces quelques mois ont suffi à nous faire passer en négatif, nous explique Sergent Vic. Je m'en souviens comme si c'était hier : nous venions de déménager et nous n'avions plus du tout de trésorerie." Sergent Papers ferme alors l'une de trois agences et licencie une personne.
Epidémie de coronavirus : - 60% de chiffre d'affaires et importante restructuration
À peine un an plus tard, c'est l'épidémie de coronavirus qui vient donner un nouveau coup d'arrêt. Les spectacles et autres événements culturels sont annulés, et par la même 60 % de sa clientèle disparaît.
"Mars 2020, fortement impacté par la crise du covid, nous n'avons pas d'autres choix que de "réduire la voilure" et de nous séparer de notre atelier principal."
Avec un résultat financier négatif lors du bilan précédent, l'entreprise n'a pas accès aux différentes d'aide de l'État, malgré à peine 800 000 euros de chiffre d'affaires. Les machines d'impression et de façonnage sont vendues, l'atelier est vidé et 4 personnes sont licenciées. Un crève-cœur pour Sergent Vic.
"Concrètement, maintenant, nous ne fabriquons plus. J'ai tout de même gardé quelques machines - une plieuse, une perforeuse et une machine typo - dans l'espoir de pouvoir redémarrer un jour. Et trois confrères imprimeurs nous gardent gentiment ces machines."
"L'entreprise une fois restructurée, le point mort réduit quasiment de moitié, nous étions de nouveau en selle, toujours fragiles (car avec des dettes), mais avec de meilleures perspectives, puisque nous avions besoin de beaucoup moins de chiffre d'affaires pour tenir (environ 600 000 euros, NDLR)."
Deuxième confinement, nouveau coup d'arrêt
En septembre, Sergent Papers réalise le chiffre mensuel permettant de couvrir ces nouveaux frais de fonctionnement. Mais en novembre, nouveau coup dur : confinement numéro 2. "La majorité de nos clients à nouveau est à l'arrêt…"
Une lueur d'espoir est entrevue avec l'arrivée d'un repreneur. Mais finalement l'opération n'a pas lieu. "Moi je perdais tout, mais ce repreneur gardait les salariés, l'état d'esprit de l'entreprise… Nous y avons vraiment cru jusqu'au dernier moment."
"Si nous ne rentrons pas d'argent, c'est le dépôt de bilan dans quelques semaines"
"Aujourd'hui, le constat est simple, si nous ne rentrons pas d'argent au plus vite, le dépôt de bilan aura lieu d'ici quelques semaines."
Sans aucune autre solution, elle lance une cagnotte en ligne le 15 novembre. "Nous n'avons jamais demandé d'aides, nous nous sommes toujours débrouillés seuls, et habituellement c'est même plutôt nous qui apportons de l'aide aux autres, puisque nous soutenons pas mal de causes et d'événements culturels et autres, par le biais de notre activité."
Huit jours plus tard, près de 8500 euros ont été récoltés. "Je suis hyper touchée par ce mouvement d'aide. Je reçois aussi beaucoup de messages de soutien : notre situation a surpris beaucoup de monde car nous sommes là depuis 17 ans, c'est comme un choc pour eux."
Tenir jusqu'à la reprise
Avec 50 000 euros, Sergent Papers empruntera 50 000 euros. "Nous ne pourrons rembourser que peu de dettes, mais cela nous permettra de tenir jusqu'à des jours meilleurs. (…) Cela sera plus long, mais ça reste possible." Si l'entreprise arrive à atteindre les 100 000 euros, elle empruntera 100 000 euros et pourra régler la quasi-totalité de ses dettes.
"En fait, quel que soit le montant que l'on obtiendra, aussi minime soit-il, il nous permettra de tenir un peu plus longtemps. Il faut que l'on tienne jusqu'à la reprise."