Le 11 mars, après l'hommage aux Invalides, le président de la République Emmanuel Macron et son épouse se sont rendus à l'imprimerie Catalano située à Dammartin-en-Goële en Seine-et-Marne. Son dirigeant, Michel Catalano, fut retenu en otage dans son entreprise, le 9 janvier 2015, par les auteurs de l'attentat contre le journal Charlie Hebdo qui a fait 12 morts et il réussit à cacher la présence d'un des employés aux deux terroristes.
Fier d'être toujours là !
"J'ai appris sa venue 48h avant. Je l'avais en fait invité à notre anniversaire en septembre prochain, nous confie Michel Catalano. Nous fêterons nos vingt ans d'activité. Je lui ai envoyé un petit mot pour lui expliquer notre histoire. Mon entreprise familiale était en croissance jusqu'en 2008. Puis, la crise nous a touchés de plein fouet. Nous avions réussi à nous redresser en 2014, et nous réfléchissions à de nouveaux investissements. Mais le 9 janvier 2015, le bâtiment est complètement ravagé. Nous avons reconstruit et réouvert l'imprimerie en septembre 2016. Et en 2020, nous étions presque à l'équilibre. Nous commencions l'année mieux qu'en 2019 avec de bonnes prévisions. Puis arrive la covid ! Donc, je suis très fier d'être encore debout à 20 ans !"
L'imprimeur et le chef de l'État ont longuement discuté. "Nous avons parlé de beaucoup de choses dont une partie que je garderais pour moi. Il m'a demandé si j'avais pris un PGE, comment je passais la crise, si j'avais fait appel au télétravail, au chômage partiel… Il m'a également posé des questions sur les machines en visitant les locaux. Nous nous sommes aussi entretenus sur les victimes du terrorisme en général et sur moi, un petit peu, en particulier. Il est resté plus d'une heure. C'était un moment agréable et une journée très touchante pour moi et mes employés."
Plus de prêts, mais du travail
L'imprimerie, qui employait 10 personnes avant la crise du covid, n'en compte aujourd'hui plus que six. "Mais sans aucun licenciement. Ils ont été reclassés ou nous avons trouvé un accord qui leur convenait. Nous réalisons 40 % de chiffre d'affaires en moins. Ce sont les enseignes, le décor de véhicules et le textile qui nous permettent de continuer. Nous vivons au jour le jour. Mais nous nous battons, il faut tenir le choc."
Aujourd'hui, le chef d'entreprise souhaiterait renouveler plusieurs de ses machines. "Mais, je reste prudent, car nous avons déjà des prêts. J'ai d'ailleurs dit au président : le PGE est lié à la trésorerie, mais c'est un crédit supplémentaire. Je ne veux plus de crédit, je veux du boulot."
Avant de partir, le président a laissé un petit mot sur le panneau qui recueille les témoignages de sympathies des visiteurs, exprimant son admiration pour le "courage, la résistance, le sens du devoir et de la mémoire et votre goût de l'avenir à tous".