Un parking-musée étonnant
Dirigé par Ruedi et Vera Baur, l'atelier de création et conseil en design Dix—milliards—humains est une référence dans les projets d'aménagement urbain. Les automobilistes strasbourgeois lui doivent déjà le changement d'identité visuelle du parking de La Petite France, de l'Opéra Broglie et Saint Nicolas.
Inauguré ce 1er juillet et rebaptisé « Parking typographique Gutenberg », il communique une atmosphère accueillante et originale comparable à une invitation à déambuler comme dans un musée, ce qui est assez rare pour ce type d'endroit. Dix—milliards—humains souhaite d'ailleurs une « Bonne visite ! » à tous les utilisateurs du parking creusé en silo et déclare : « Ce lieu donne une place privilégiée au piéton qui peut arpenter les espaces et découvrir le catalogue de polices de caractères présentées. »
Une balade culturelle surprenante
Plutôt que de travailler sur une déclinaison stylisée des pictogrammes traditionnellement en vigueur pour ce genre de structure, l'agence a choisi de jouer avec le design des caractères de l'alphabet parmi différentes familles de polices. Ainsi, virgules, parenthèses et autres signes de ponctuation guident les piétons jusqu'à leur véhicule ou la sortie. Les numéros de places et d'étages sont mis en valeur par une plaque en métal faisant office de clin d'œil à l'imprimerie. Elle présente l'origine de la police, le nom du typographe et de la fonderie.
Au fur et à mesure de la progression dans les multiples sous-sols, l'utilisateur fait l'expérience d'un voyage chronologique à travers l'histoire du lettrage. Ainsi, au niveau -1, sont exposés les travaux contemporains de créateurs étudiants et professionnels. Puis, aux niveaux -2 et -3, on découvre des typos conçues entre le 15e et le 20e siècle, dont certaines issues de la main de Gutenberg.
Ruedi Baur, quand à lui, partage le panneau no161 par une dédicace, avec la police Unistra créée par Christina Poth pour l'université de Strasbourg : « Il n'est pas de démocratie réelle sans que le citoyen ne soit informé correctement, s'il n'est pas respecté par la manière dont on s'adresse à lui. »