Christophe Aussenac est, depuis le 24 octobre, le premier Français à la tête de la Fespa Global de ces 20 ans. L'homme, également président de Fespa France depuis 2013 et co-dirigeant de l'imprimerie rhodanienne ATC, nous présente le rôle et les projets de l'association internationale de la sérigraphie et de l'impression grand format.
GraphiLine : Qu'est-ce qu'est la Fespa Global (ou Fespa internationale) fondée en 1962 exactement ?
Christophe Aussenac : C'est une association mondiale basée à Surrey au Royaume-Uni, dédiée à l'impression sérigraphique et de l'impression numérique grand format, qui regroupe 37 associations nationales, soit 15 000 entreprises.
Elle est un peu particulière, car elle a deux activités.
La Fespa est organisatrice d'événements, mais ce n'est pas sa vocation première.
Elle organise, chaque année, le plus important salon mondial de la sérigraphique et de l'impression numérique grand format en Europe, ainsi que des salons au Brésil, Mexique, Afrique du Sud, Turquie et Thaïlande.
Ces salons permettent de financer notre deuxième activité : des projets associatifs nationaux. Par exemple, l'an dernier, Fespa France a créé deux nouveaux contrats de qualification professionnels (CQP), celui d'imprimeur numérique grand format et de médiaplicateur (le nom officiel des installateurs poseurs de communication imprimée). La Fespa a aussi, par exemple, aidé à monter une école de sérigraphie au Sri Lanka.
En fait, un exposant qui fait le choix de participer à un salon Fespa réinvestit dans l'industrie.
Quel bilan tirez-vous du salon Fespa Global Print Expo 2021 qui vient de s'achever à Amsterdam, après deux éditions annulées ?
Un bilan très positif. Déjà il a eu lieu ! Nos exposants nous ont fait confiance, même s'il était plus petit qu'un salon habituel, car certains groupes interdisent les événements. Mais plus de 200 exposants et des visiteurs très qualifiés se sont déplacés.
Nous avons également eu de très bons retours.
Quels sont vos projets en tant que président de la Fespa pour les trois ans à venir ?
J'ai deux projets principaux, un projet sur la RSE et un projet d'éducation.
Parlons tout d'abord du projet RSE. Que comptez-vous faire ?
Notre projet est de donner les moyens aux industriels de s'inscrire dans une logique de RSE, c'est-à-dire écologique, sociale et sociétale.
Bien si cela peut paraître évident, il faut l'intégrer dans nos process et informer au niveau mondial : certains pays et certains industriels sont moins intéressés par cet aspect. Cela passe par l'information, mais si elle est importante, c'est la volonté est primordiale. Il faut convaincre : que les donneurs d'ordre prennent la parole et expliquent pourquoi la RSE est importante pour eux.
Nous sommes très bien placés pour cela au niveau mondial grâce à nos différents partenaires sur ce sujet. Fespa a déjà créé il y a plus de 10 ans des vidéos, des guides et d'autres à ce sujet (baptisés Planet Friendly), mais plus que jamais il faut accélérer ce mouvement.
Quel est le point environnemental le plus important à travailler selon vous ?
Pour les techniques et technologies de production, nous avons des solutions, car un gros effort a été réalisé depuis plusieurs années, notamment sur les matières premières. Maintenant, c'est vraiment la prise de conscience, la volonté qui est primordiale.
Il y a également un autre point à travailler : la récupération des produits après utilisation, une fois livrés et utilisés.
Votre second projet concerne l'éducation. En quoi consiste-t-il ?
Aujourd'hui, nos métiers ont une image vieillissante qui n'attire plus assez les gens. Or c'est un secteur où il y a énormément de créativité, de savoir-faire de technologie, de technique, c'est un métier passionnant ! Nous devons mettre ça en avant.
Nous souhaitons aussi pouvoir proposer une solution d'emploi et de formation à l'internationale, réunir tous les projets sous une même bannière. Si un jeune en formation cherche une entreprise pour faire son stage, nous voudrions pouvoir lui proposer une solution dans nos entreprises à l'international.
Nous sommes encore au début du projet, mais nous aimerions créer un Erasmus de la Fespa !
Qu'auriez-vous à dire aux imprimeurs qui hésitent à rejoindre l'association afin de les convaincre de vous rejoindre ?
C'est simplement une opportunité extraordinaire !
Tout d'abord, faire partie d'une association donne de la valeur à son engagement.
Ensuite, à la Fespa, le relationnel est extrêmement important selon moi. Alors oui, il faut accepter d'être un peu transparent, de parler avec son concurrent, mais au final, on s'aperçoit que c'est avant tout un confrère.
Puis, nous avons la chance d'être un regroupement international, la Fespa compte 37 pays. Demain nous pouvons rencontrer des chefs d'entreprises du monde entier. C'est très enrichissant.
De plus, nous travaillons ensemble sur des projets avec des valeurs communes.
Cela permet d'avoir plus de poids dans les relations avec les fournisseurs, par exemple pour demander des encres plus écologiques, plus fluides, etc.
Quel est le prochain événement de la Fespa France ?
Le prochain événement Fespa France, Les Rencontres Fespa France, se déroule chez un de nos partenaires historiques, Hexis, à Frontignan près de Sète dans l'Hérault, le 15 décembre.
En début d'après-midi, nous commençons par une visite de l'usine de fabrication d'adhésifs. Nous avons l'aubaine en France d'avoir cette entreprise innovante et dynamique. Les Rencontres Fespa France se terminent par une soirée conviviale.
Et le prochain événement de la Fespa Global ?
Le prochain salon international se déroulera en Allemagne, à Berlin, du 31 mai au 3 juin 2022. Ce devrait être une grosse exposition.
