Interview / Louis Leichtnam décroche l'or du métier d'imprimeur aux Worldskills 2022 France

Que de persévérance et de passion il faut pour décrocher la médaille d'or du métier d'imprimeur des Worldskills 2022 ! Après avoir manqué les régionales de 2018, Louis Leichtnam a retenté sa chance et a réussi à monter sur la plus haute marche de la finale nationale. Il nous raconte comment il s'est entrainé et comment s'est déroulée cette compétition.

Après trois jours d'épreuves intensives, le jeune Louis Leichtnam a remporté la médaille d'or du métier d'imprimeur de la finale France des Worldskills 2022 qui s'est achevée samedi à Lyon. Avec une note de 751 sur 800, l'homme de 22 ans est ainsi sacré meilleur jeune conducteur de presse d'impression de l'Hexagone ! Et cette première place de la finale nationale de cette compétition des métiers lui donne accès à la finale internationale qui se déroulera en octobre prochain en Chine à Shanghai. Et le représentant de la France ne compte pas laisser la victoire à quelqu'un d'autre…

Vous travaillez actuellement comme conducteur offset à l'imprimerie de la Ville et Eurométropole de Strasbourg. Sur quelle machine travaillez-vous ?
Oui, je travaille à la ville de Strasbourg depuis deux ans et demi. Je conduis une Ryobi 754 de 4 couleurs. Auparavant, j'ai travaillé sur une 520. Et pendant mon alternance, à l'imprimerie de la Région Grand Est, j'ai travaillé sur une Nexpress SX 3300 de Kodak.

Qu'est-ce qui vous plaît dans le métier de conducteur offset ?
Au départ à la marge, on a une feuille qui ne sert à rien. Elle passe entre huit rouleaux et après elle peut servir à plein de choses comme guider un touriste au marché de Noël de Strasbourg ou devenir des pochettes pour un mariage.

Qu'est-ce qui vous motive dans cette compétition ?
Le principe des concours me plaît : il faut toujours se surpasser. J'ai un grand esprit de compétition, je fais déjà du sport en compétition, du tir à l'arc. Au Worldskills, certaines épreuves sont très courtes, il faut vraiment être rapide. Je dois apprendre à dépasser mes limites et c'est ce qui me plaît.

Quelles ont été les épreuves de la finale nationale ?
Le premier jour, nous avons dû réaliser deux impressions sur des presses numériques Konica Minolta et une impression sur un traceur.
Ensuite, nous avions deux créations de Pantone à faire en une heure où nous pouvions utiliser un spectrocolorimètre, et une épreuve sur le simulateur Synapse.

Le deuxième jour, au Lycée Argouges à Grenoble, c'était une impression quadri sur une presse offset Heidelberg, une coupe au massicot d'un amalgame, l'impression d'un Pantone sur une offset 1 couleur et une autre épreuve sur simulateur.

À la fin de ces deux jours, sur les sept candidats, seuls les quatre premiers étaient sélectionnés pour continuer les épreuves du samedi.

Ce dernier jour, nous avons réalisé une impression en données variables avec le logiciel PrintShop Mail d'Objectif Lune sur une Konica, une nouvelle épreuve sur simulateur et nous avions une recherche de teinte sur support physique en benday.

Quelle épreuve a été la plus difficile pour vous ?
La recherche de la teinte du samedi en benday. Nous avions une bandelette de papier dont il fallait refaire la couleur, un or, avec un benday en cyan magenta et jaune en 45 minutes. Il fallait tout faire à l'œil, sans spectrocolorimètre.

Depuis combien de temps prépariez-vous à ces épreuves ?
En fait, j'ai participé à la précédente édition en 2018, mais je n'ai pas été sélectionné au niveau régional. J'ai commencé à me préparer pour cette compétition et n'ai pas vraiment arrêté depuis ! J'ai juste intensifié ma préparation depuis ma qualification à la finale nationale, mi 2020.

Comment vous êtes-vous préparé ?
Je fais trois entraînements techniques par semaine avec mon coach, et tous les week-ends, un entraînement mental avec une sophrologue.

Qui est votre coach ?
Mon coach est Hervé Jarnoux. Il est enseignant au CFA et Lycée Gutenbeg à Illkirch, prés de Strasbourg. C'était mon professeur lorsque j'étais apprenti. Le lycée me permet de m'entraîner sur son matériel et Hervé Jarnoux est d'une aide précieuse. C'est une chance extraordinaire pour moi.

La préparation mentale était indispensable ?
Lors des sélections régionales, même si j'ai terminé premier, j'ai clairement eu du mal à gérer le stress. Je savais que ça allait être très difficile pour la suite si je ne travaillais pas sur le mental. Et j'ai eu raison : ça m'a vraiment permis de mieux gérer mes émotions, de ne pas dérailler quand cela ne se passe pas comme je voulais et de prendre du recul quand il le fallait.

Votre nouvel objectif est la première place mondiale ?
Oui, clairement ! J'y vais pour gagner. Je vais continuer à m'entraîner pour ramener l'or de Shanghai !

Quels sont les points que vous allez travailler en particulier ?
Le mental, la gestion du stress, j'ai encore du chemin à faire. Et augmenter mes capacités techniques sur toutes les épreuves pour être meilleur, plus rapide, plus précis.

Avez-vous un modèle dans l'imprimerie ?
Quand j'étais apprenti, je passais ma pause de midi à regarder des vidéos aux Worldskills de Jérémy Kootz (champion du monde des Worldskills 2017) et ça me donnait envie de faire pareil !

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