Un projet porté par une communication encore floue
Le sticker « Oui Pub » est issu de l'article 21 de la loi « Climat et Résilience » et servira pendant 3 ans à distinguer les boîtes aux lettres des particuliers acceptant les démarches commerciales et publicitaires traditionnelles. Cependant, de nombreux points obligent à repousser la mise en place de ce dispositif, initialement prévu en janvier 2022.
Jusqu'à fin mars, aucune identité graphique n'avait été validée pour cette vignette autocollante dont l'objectif porte sur une diffusion plus respectueuse de l'environnement des imprimés publicitaires et promotionnels.
Sans compter une éventuelle réticence des usagers d'afficher clairement aux yeux du voisinage leur intérêt pour ce genre de communication, personne ne peut affirmer que l'ensemble des habitants des collectivités concernées par cette mesure soit au courant des prochaines conditions de distribution de ces prospectus. Et ce ne sont pas les seuls, puisque la liste des enseignes et des magasins prochainement visés par ces restrictions n'a pas encore été clairement définie.
Le flou pour les collectivités
Le décret réglementant les quinze collectivités volontaires pour tester le « Oui Pub » n'est pas encore publié. Or, ces dernières ont pu être affichées fin novembre 2021 par l'ADEME et le ministère de la Transition écologique, parmi les 25 candidatures proposées. De plus, cet échantillon censé être représentatif de la population française ne permettrait pas d'obtenir une juste interprétation des résultats, faute d'un manque quantitatif et d'une diversité sociale insuffisante (Sources : UNIIC - Acteurs de la filière graphique).
Par anticipation, certaines mairies auraient aussi improvisé la production et le stockage d'autocollants « Oui Pub » non-officiels, sans aucune garantie sur la valeur juridique des supposés stickers. Il est prévu que le non-respect du dispositif entraîne des amendes comprises entre 1500 € et 3 000 € si récidive.
La crainte principale des imprimeurs : un basculement vers le tout-digital
Le risque attendu est une généralisation des communications sur les supports digitaux de la part des enseignes de la grande distribution, quels que soient les conditions et les périmètres d'action du « Oui Pub ».
Un coup dur supplémentaire pour les imprimeurs, qui subissent déjà la crise du papier. D'après Pascal Bovéro, Délégué général de l'UNIIC : « Cela arrive au pire moment, en pleine crise papetière. À la fois, on écrase Mediapost et Adrexo, qui portent des emplois non-délocalisables et on crée des effets d'anticipation des donneurs d'ordre qui auront des répercussions directes sur le tissu graphique. »
Print vs Digital, qui est le plus vert ?
D'un point de vue écoresponsable, le remplacement du print par une version dématérialisée ne serait pas non plus une bonne chose : 2,5 % des émissions de gaz à effets de serre en France proviennent du secteur numérique, selon l'ADEME et l'Arcep.
À l'inverse, les groupements ImpriClub et ImpriFrance, directement impactés par cette mesure, rappellent que les imprimeurs multiplient leurs efforts vers un engagement durable en faveur de l'environnement :
- retraitement des déchets de production à 98 % ;
- approvisionnement en papiers normés PEFC/FSC.
Ils s'appuient également sur plusieurs études pour affirmer que l'industrie du papier serait moins polluante que les publications digitales.
Pensé pour réduire l'utilisation d'imprimés publicitaires, le « Oui Pub » continue de faire couler beaucoup d'encre.