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En redressement judiciaire depuis le 5 janvier, le fabricant d'encre d'imprimerie Brancher va disparaître. Faute de repreneur, le tribunal de Commerce de Chartres a prononcé sa mise en liquidation le 6 avril. L'entreprise vieille de 180 ans baissera le rideau d'ici quelques semaines.
"J'ai repris cette société il y a quatre ans, déclare son dirigeant Emmanuel Têtu. Nous avions de grands projets, le covid nous a coupés dans notre élan, et la guerre en Ukraine nous a achevés."
Rebaptisé Nouvelle société Brancher lors de sa reprise en 2019 par l'actuel PDG, le producteur et distributeur d'encre situé à Tremblay-les-Villages en Eure-et-Loir compte 46 salariés et a réalisé lors de son dernier exercice un chiffre d'affaires de près de 8 millions d'euros dont la moitié à l'international.
Des prix des matières premières multipliés par près de 100
Emmanuel Têtu explique : "Le premier exercice a été très bon, le deuxième, celui de 2020, un peu moins, car nous sommes entrés dans la période covid. SN Brancher était encore bénéficiaire (183 000 euros de résultat net contre 1 million l'année précédente, NDLR), mais c'était compliqué. Puis la guerre en Ukraine et avec elle ses hausses de prix des matières premières nous a achevés."
L'huile de soja achetée 95 centimes coûte deux mois après le début de la guerre 4,10 euros, le prix de l'ester est multiplié par 95…
"Nous avons donc été confrontés à une concurrence avec les fabricants qui produisent en Inde et nos prix de revient étaient leur prix de vente en France."
Les encres végétales en circuit-court, le projet qui ne verra pas le jour
La fin de non-recevoir des banques lui laisse également un goût amer. "Avec le covid, aucune banque n'a voulu nous suivre pour investir dans l'outil industriel. Nous avions prévu de formuler de nouvelles encres végétales, comme l'huile de lin, et de les produire en circuit court en travaillant avec les agriculteurs de la région, au lieu de nous approvisionner d'huile de colza venu du Brésil ou du Canada. Nous collaborions avec Pagora, le laboratoire situé à Grenoble, pour mettre en point des pigments végétaux, à base d'algues notamment. Tout était programmé pour réussir…"
Le nom de Brancher qui ne disparaît pas complètement
Le nom de Brancher ne va pas disparaître complètement cependant. En 2020, le PDG a lancé la société de distribution Brancher Graphic, qui propose des consommables pour les arts graphiques (blanchets, additifs de mouillage…). Avec la fermeture des sites de productions d'encre, Emmanuel Têtu souhaite orienter Brancher Graphic exclusivement vers la distribution d'encres et de vernis. "Brancher continuera ainsi à vivre."
