L'imprimerie mobilisée pour sauver sa place aux WorldSkills 2024

Killian Fehringer © WorldSkillsFrance

Intergraf et l'Uniic dénoncent une décision qui envoie "un message négatif" à tous les jeunes qui apprennent le métier et "discrédite notre industrie", et qui est "une vraie douche froide pour les jeunes, les experts métiers, la profession toute entière !"

Alors que les applaudissements retentissaient encore à Lyon pour féliciter les trois médaillés de la finale nationale des imprimeurs de Worldskills France 2023, une bien mauvaise nouvelle est venue assombrir cette célébration.

"Le métier de l'imprimerie ne sera pas représenté au concours mondial de l'année prochaine, faute de pays compétiteur" lâche Rémy Touguay, chargé de mission de l'atelier imprimerie de la finale internationale qui aurait dû se dérouler à Lyon du 10 au 15 septembre 2024.

Killian Fehringer, 21 ans, apprenti imprimeur à Sélestat dans le Bas-Rhin, ainsi que les autres médaillés d'or de chaque pays participant ne concourront pas au titre de meilleur jeune imprimeur du monde. "C'est vraiment dommage pour ces jeunes qui ont tant donné pour faire partie des équipes nationales…"

Le nombre de 14 pays participants n'a pas été atteint

Le nombre de 14 pays participants pour ce métier n'a pas été atteint, et ce pour la quatrième fois consécutive. Seuls 11 pays se sont inscrits, auquel pourrait s'ajouter l'Ukraine qui n'a pas respecté les délais d'enregistrement. La discipline est donc supprimée de la compétition internationale.

Les pays, comme la Belgique ou l'Autriche, n'ont pas pris part à la compétition par manque d'experts pour accompagner les jeunes. La possibilité que de nouveaux pays s'enregistrent est faible compte tenu de l'organisation que cela nécessite, estime Rémy Tourguay. "Désormais, il faut que le maximum de gens réagisse pour influer sur la décision des organisateurs."

Intergraf et l'Union nationale des industries de l'impression et de la communication (Uniic) sont déjà montés au créneau en demandant aux organisateurs des WorldSkills 2024 de reconsidérer cette décision.

L'industrie de l'impression en France est fortement impliquée dans la compétition, pour l'Uniic

Benoit Duquesne, le président de l'Uniic, a envoyé une lettre dans ce sens à la présidente de Worldskills France, Florence Poivey. Datée du 26 septembre, cette missive exprime le fait que la compétition nationale a fortement mobilisé la profession.

Sous l'impulsion de l'Uniic, Konica a installé une machine d'impression numérique et dépêché sur place son instructeur et l'imprimerie Vassel Graphique, située près du lieu du concours, a accueilli la compétition dans ses ateliers, mettant à disposition "gratuitement son atelier, ses machines offset et de façonnage, son personnel".

Benoit Duquesne, le président de l'association nationale, poursuit : "Vous le voyez, vous le savez, la profession est mobilisée autour des compétitions Worldskills." L'absence de l'imprimerie à la compétition internationale pour Lyon 2024 est "une vraie douche froide pour les jeunes, les experts métiers, la profession tout entière !"

Le président rappelle que les jeunes imprimeurs français remportent depuis plusieurs années des médailles d'or ou d'argent à l'équipe de France des métiers.

"L'expérience de Lyon cette année, les moyens que nous avons mobilisés et qui seront présents en 2024, ainsi que les brillants résultats de nos imprimeurs à l'international montrent combien nous sommes prêts à accueillir la compétition internationale des imprimeurs à Lyon du 10 au 15 septembre 2024."

Selon Intergraf, c'est un signe négatif pour les jeunes et qui ternit la réputation de l'imprimerie

Quant à Intergraf, la lettre adressée le même jour à José Fonseca, directeur des compétitions WorldSkills souligne le fait que cette décision tardive gâche l'investissement déjà engagé des pays participants, tant en argent qu'en effort.

Et la secrétaire générale de l'association européenne de l'industrie de l'imprimerie, Beatrice Klose, "cette décision va plus loin, elle nuit à la compréhension du public quant à l'importance de l'industrie de l'imprimerie et à sa contribution à la société. La technologie de l'impression est un métier d'avenir, les produits imprimés nous entourent dans notre vie quotidienne.
Nous pensons que l'exclusion de la technologie des médias imprimés est un message négatif adressé à tous les jeunes qui apprennent le métier et discrédite notre industrie."

Intergraf a également contacté des associations d'imprimeurs de plus de 70 pays afin obtenir leur soutien.

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