La filière française graphique peut aujourd'hui s'enorgueillir de posséder un groupe désormais à la dimension européenne, le Groupe Riccobono. En effet, Guillaume Riccobono, la quatrième génération de la famille qui s'était construit une spécialité à savoir traiter avec "le terrible syndicat CGT de la presse parisienne", poursuit patiemment l'œuvre familiale, bâtir un véritable groupe d'imprimeries spécialisées dans la presse quotidienne puis dans la presse magazine avec les procédés offset et hélio.
Sa récente acquisition en Allemagne de TSB Tiefdruck, porte ses effectifs à 2400 salariés avec un chiffre d'affaires consolidé de 310 millions d'euros ; le portant de loin à la tête de tous les groupes rotativistes français. L'un de ses actes de foi présentés sur son site internet est : "Permettre la transmission au plus grand nombre". Car au-delà des contraintes de rendement incontournables, le lot de tout entrepreneur, la philosophie du groupe va au-delà de la simple réalisation d'objectifs de production et financiers. "Garder un esprit familial et transmettre le savoir". Ce sont les premiers propos de Margarette Anicette, responsable du nouveau centre de formation du Groupe Riccobono, Révo.
Révo, un centre de formation certifié Qualiopi
40 ans, une longue expérience dans l'aéroportuaire puis dans le groupe Raja dans la formation, Margarette Anicette est recrutée par le DRH du Groupe Riccobono afin de s'occuper de la formation. Après un an, elle propose de créer un centre de formation à l'intérieur du groupe devant l'immensité de la tâche. "Banco !"
Avec deux collaborateurs, elle s'attelle à l'émergence du centre en le certifiant immédiatement Qualiopi, le sésame pour être référencé par France-Compétence et pouvoir procéder aux remboursements des formations par les opérateurs de compétences (OPCO). C'est la première année de fonctionnement.
De nombreuses formations déjà assurées
- Le centre Révo assure d'abord des formations basiques pour les salariés du groupe Riccobono :
Formation machine Férag, une machine de conception suisse, très délicate à opérer compte tenu de sa haute productivité, 25 000 piqûres par heure, avec des pointes à plus de 30 000 ex ! Les instructeurs sont principalement des anciens conducteurs avec la meilleure expérience. Les promouvoir instructeurs dans un cadre pédagogique est une excellente occasion de valoriser leur acquis, car mieux que des instructeurs fournisseurs qui enseignent la théorie de fonctionnement, ils sont à même de transmettre tout leur savoir-faire sur l'adaptation des réglages aux produits spécifiques du groupe. Combien de coûteuses heures d'arrêts machine évitées en exploitant la mine d'or que représente cette expérience accumulée de ces salariés anciens ? - Les formations basiques et très coûteuses liées aux problèmes de sécurité, incendie, premières urgences médicales, pollution, qui, adaptées au besoin de l'entreprise, lui permettent d'optimiser l'immobilisation de ses salariés dans ces contraintes incontournables.
- Les formations caristes, avec la spécialisation recherchée par tout imprimeur rotativiste : la prise de bobines par pince.
- Les formations bureautiques, indispensables au bon fonctionnement de l'administration du groupe.
- Les certifications premières interventions électriques si utiles dans ce temps de disette de services assurées par les entreprises fournisseurs.
Bien sûr, ce n'est qu'un embryon de formations les plus basiques qu'assure ce centre de formation, basé principalement à Mary-sur-Marne, dans les immenses locaux de l'ancienne usine de Jean Didier. Dix salles de classe ont déjà été aménagées.
Un centre de formation ouvert aux entreprises extérieures
Le centre Révo accueille actuellement 60 salariés, dont 15 d'entreprises extérieures. En effet, Pôle-Emploi et la municipalité de Mary ont sauté sur l'occasion pour coopérer avec ce centre de formation, tant la proximité de la formation du lieu des entreprises est importante et représente un facteur d'attractivité pour les zones d'activités de la collectivité.
Car l'objectif de Révo est véritablement de s'autonomiser en ouvrant son offre à toutes entreprises industrielles du secteur. Soit en sous-traitant pour le compte d'autres centres de formation, soit en demandant aux autres centres de formation d'assurer des formations, par exemple les langues, qu'il ne peut mettre en œuvre. La mise en réseau de Révo est une œuvre de longue haleine.
L'objectif second du centre est aussi de coller le plus optimalement possible aux besoins des salariés par l'utilisation de leur Compte professionnel de formation (CPF).
"Si notre priorité est pour l'instant d'assurer des formations courtes, trois semaines en moyenne, afin de répondre le plus possible aux contraintes de l'entreprise, nous tenons aussi à satisfaire le salarié motivé pour suivre la formation. C'est pour cela que nous auditons aussi bien l'entreprise dans sa demande de formation que le salarié dans ses aspirations dans l'évolution de sa carrière professionnelle. Nous devons comprendre les ressorts de la demande de formation."
Nous en venons à cette ambiance si particulière que Margarette Anicette évoquait dans l'appréciation du Groupe Riccobono : "Une grande qualité d'écoute et une volonté dans la transmission du savoir".
Et de nombreux projets pour le centre de formation Révo
Les yeux de Margarette brillent de joie à l'évocation des projets et de l'évolution de son centre de formation.
D'abord, attaquer la formation à distance pour optimiser et rendre plus accessibles aux salariés les formations. L'après-Covid, a changé l'approche dans la présence aux bureaux et il en est de même pour la formation.
Mais aussi, une ouverture d'un CFA, centre de formation d'apprentis, projet évidemment plus complexe et qui nécessite une bonne expérience et un bon réseau de formateurs, mais qui est indispensable pour l'embauche des futurs salariés du groupe. Car l'apprentissage est la voie royale de l'intégration des jeunes dans l'industrie. Une façon aussi de combattre les préjugés qui entourent le secteur industriel et plus particulièrement celui de la filière graphique.
Riccobono et Révo, une vraie rupture chez les imprimeurs
Ce centre est une nouvelle preuve de la capacité d'innovation de Guillaume Riccobono. Car outre sa capacité à gérer des investissements lourds dans un secteur qui est en déclin depuis bientôt vingt ans, il a compris que la pérennité de son groupe passe plus par une philosophie et une politique de formation des effectifs que par la modernité de ses équipements. Une vraie rupture par rapport aux pratiques habituelles des entrepreneurs de la filière.
