Le 33 tours a la peau dure ! Malgré la place prise par le digital et le streaming, le disque vinyle est toujours présent dans le monde musical. Tout d'abord grâce au grain inimitable du son, mais également grâce à la pochette qui le protège et lui donne son identité. GM Editions a édité au début de l'automne dernier un pavé (3 kg et 527 pages !) de format 30 x 30 cm regroupant plus de mille de ces pochettes de disques cultes chargées d'histoire intitulé La discothèque idéale vinyle : la culture de la pochette.
Le disque vinyle et sa pochette ne font qu'un, l'un ne va pas sans l'autre. La pochette est apparue à la fin des années trente et n'était qu'une simple enveloppe en papier kraft brun ou gris trouée en son centre. C'est Alex Steinwess, directeur artistique chez Columbia Records, qui eut l'idée en 1940 de mettre une illustration colorée sur les pochettes pour que "les gens puissent regarder l'œuvre et entendre la musique".
Une nouvelle forme d'art graphique était née où visuel et musique devenaient indissociables. Illustrateurs, photographes et graphistes ont ainsi signé des pochettes mémorables par leur génie, la créativité de leur auteur, leur avant-gardisme ou leur goût plus que discutable… et depuis maintenant plus de quatre-vingts ans "la musique s'accompagne d'images" qui "ne sont pas pour rien dans l'attachement que l'on éprouve pour les disques en tant qu'objets" peut-on lire dans le communiqué de presse du distributeur de l'ouvrage.
Qui ne se souvient de la pochette réalisée par Andy Warhol pour le Velvet Underground & Nico avec sa fameuse banane jaune, pochette où le nom du groupe n'apparaissait même pas sur le visuel principal ? On retrouve aussi les visuels mythiques d'Étienne Daho en marinière, cheveux mouillés avec un perroquet sur l'épaule, de Bashung dans un bain de lentilles d'eau pour son album Fantaisie militaire, des 61 personnages entourant les Beatles pour Sergent's Pepper Lonely Hearts Club Band, de la braguette de l'album Sticky Fingers des Rolling Stones, des fesses de Bruce Sprinsteen, de la pochette avec le prisme des Pink Floyd, de Grace Jones étirée, coupée par Jean-Paul Goude, etc.
Noël Gallagher, du groupe Oasis, déclarait que les pochettes d'albums étaient "la collection d'œuvres d'art des pauvres". Une magnifique collection où se mêlent "les mondes rutilants de Jean-Baptiste Mondino, les portraits sensibles des jazzmen signés Leloir, les mises en scène de Jean-Paul Goude, les paysages oniriques de Roger Dean, les traces indélébiles laissées par Andy Warhol, Banksy, Keith Harins, etc.".