Pour la deuxième année consécutive, la production de papier et de carton en Europe est en baisse sur l'année 2023, de – 12,8 %. Selon le dernier rapport de la Confédération des industries papetières européennes (Cepi) publié le 14 février, cette diminution dans les pays européen membres de la Cepi* s'explique par l'environnement macro-économique défavorable, un déstockage de la chaîne d'approvisionnement et l'impact des coûts toujours élevés de l'énergie.
La Cepi note qu'après une année 2022 marquée par des prix énergétiques exorbitants, la baisse de la production en 2023 est encore plus prononcée que lors de la crise du Covid-19 (-4,7 % en 2020).
Une baisse de la production de papier et carton mondiale
La production totale sur cette année s'élève à 74,3 millions de tonnes, avec une baisse qui concerne toutes les gammes de papier et de carton.
Une baisse de la production a été également observée dans la plupart des régions du monde, mais dans une moindre mesure. Le Canada, le Japon, les États-Unis et la Corée du Sud enregistrent ainsi des baisses de production comprises entre 2,0 % et 9,8 %.
L'utilisation du papier pour le recyclage par les entreprises de la zone géographique couverte par les membres du Cepi a diminué de 6,9 % par rapport à 2022, étant donné que la production de matière première a elle - même diminuée. Cette baisse s'explique aussi par le fait que certaines usines de papier graphique utilisant du papier destiné au recyclage ont fermé.
Une demande de papier et carton en baisse de 15,3 %
L'environnement économique, avec une inflation et des taux d'intérêt élevés et une consommation privée en berne, a fortement impacté la demande.
Sur la base des chiffres disponibles pour les neuf premiers mois de l'année écoulée, la consommation de papier et carton a diminué de 15,3 %. À noter que cette baisse serait moins marquée si l'utilisation des stocks avait été prise en compte.
Comme en 2022, le papier hygiénique et domestique (mouchoirs, papier toilette) a été le segment qui a le moins souffert, ne diminuant que de 3,7 %.
La demande de papier graphique, qui comprend le papier d'impression et d'écriture, chute de 27,5 %, en raison de la baisse de la demande dans l'imprimerie et l'édition.
Pour la Cepi, cette forte baisse ne s'explique qu'en partie par la généralisation des contenus digitaux, car les effets de déstockage pourraient représentaient jusqu'à la moitié de cette chute. Et au sein de cette catégorie, le sous-segment du livre est resté résilient.
Quant au secteur du papier et carton d'emballage, traditionnellement moteur de croissance du secteur, la demande a poursuivi sa tendance à la baisse, avec une consommation en baisse de 12,2 %.
La production de papier graphique fortement impactée par la baisse
La diminution de la production (– 12,8 %) concerne tous les segments papier et carton.
La production des emballages a diminué de 9,1 % par rapport à 2022.
Dans le détail, le carton-caisse – principalement utilisé pour les emballages de transport et les boîtes en carton ondulé – baisse de 4,7 %.
La production de cartons principalement utilisés pour l'emballage de détail a diminué de 17,3 %.
La production de gammes d'emballage utilisées pour la production de sacs en papier a diminué de 15,9 %.
La production globale de gammes graphiques a chuté de 24,6 % : le papier journal a diminué de 19,9 %, et les papiers d'impression et d'écriture ont diminué de 25,4 %, en raison des arrêts et conversions des lignes de production.
La production de papiers d'impression et d'écriture (utilisés pour les magazines et catalogues, le publipostage, les annuaires, etc.) a diminué différemment selon les catégories.
La production de papier mécanique couché a diminué respectivement de 24,4 %, et la production de papier mécanique non couché de 23,4 %.
Les papiers non couchés sans bois – papier de bureautique – ont diminué de 23,9 %, les qualités couchées sans bois ont été les plus touchées avec une baisse de 31,2 %.
Au total, la production de papiers graphiques couchés et non couchés a diminué respectivement de 27,9 % et 23,7 %. La production de graphiques sans bois a enregistré une baisse de 26,4 %, tandis que la production de papiers graphiques mécaniques a chuté de 23,9 %.
La production totale de pâte en baisse, la production de pâte marchande en hausse
La production de pâte (intégrée + marchande) a diminué de 6,2 % par rapport à l'année précédente, avec une production totale d'environ 33,5 millions de tonnes.
La production de pâte marchande a connu une augmentation de 4,8 % en 2023, portée par le dynamisme des exportations vers la Chine.
La production de pâte mécanique a diminué de 12,2 %, tandis que la production de pâte chimique a diminué de 4,5 % par rapport à 2022. La pâte chimique représente 79 % de la production totale de pâte.
L'emballage, la plus importante part de la production de papier et de carton
Pour l'année 2023, la part des emballages est estimée à 62,3 % (contre 60,1 % en 2022) de la production totale de papier et de carton. Et les gammes graphiques représentent 22,6 % (contre 25,9 % en 2022), avec 3,7 % pour le papier journal, 11,6 % pour le papier non couché et 7,3 % pour le papier couché.
La production de toutes les autres qualités de papier et de carton – principalement destinées aux usages industriels et spéciaux – représente 4,8 % de la production totale de papier et de carton, soit en baisse de 12,2 %.
La production des fabricants de papiers sanitaires et ménagers représentait 10,3 % de la production totale de papiers et cartons, en diminution d'environ 4,4 % par rapport à 2022.
La balance commerciale européenne reste positive
Dans un contexte mondialisé de faible demande, les importations et les exportations ont diminué de la même manière. Bien qu'en baisse de 16,4 %, la balance commerciale européenne du secteur de la pâte et du papier reste largement positive, car il s'agit de l'un des principaux secteurs manufacturiers de l'UE selon cette mesure.
Jori Ringman, directeur général du Cepi, déclare : "Parmi tous les problèmes macro-économiques nés des crises de ces dernières années, l'amélioration des conditions de base d'exploitation et d'investissement pour le secteur manufacturier de l'UE, même si cela reste un défi de taille, pourrait encore être l'un des objectifs les plus faciles à réaliser pour les décideurs politiques de l'UE."
* Les pays membres de la Cepi : Allemagne, Autriche, Belgique, Espagne, Finlande, France, Grèce, Hongrie, Italie, Norvège, Pays-Bas, Pologne, Portugal, République tchèque, Roumanie, Royaume-Uni, Slovaquie, Slovénie et Suède.