Pendant plusieurs siècles, les générations de la famille Montgolfier ont contribué par leurs inventions à développer la fabrication du papier et à bâtir une renommée internationale. Montgolfier rimerait avec papier depuis le XIIe siècle. La petite histoire raconte qu'un des Montgolfier, originaire de Bavière, aurait été fait prisonnier par les Turcs lors de la deuxième croisade vers 1150 et employé par eux dans un atelier de fabrication de papier. Réussissant à s'échapper, il revient à Frankenthal en Bavière et y installe un moulin à papier. En 1350, deux Montgolfier émigrent en France, à Ambert, en Auvergne. Deux siècles plus tard, Michel et Raymond Montgolfier, lors d'un tour de France rencontrent les deux filles du maître papetier Chelles à Vidalon (près d'Annonay) en Ardèche… et y restent. Dès lors, le nom des Montgolfier va être associé à de nombreuses innovations, dont voici une petite sélection.
Velin, cylindre, aéronef : des innovations signées Montgolfier
Le secret de fabrication du vélin, ce parchemin de luxe fabriqué avec la peau d'un veau mort-né, est détenu par les Anglais. En 1777, les Montgolfier réussissent à reproduire la technique tant convoitée des Anglais et créent leur vélin : le vélin d'Annonay, papier bien lisse sans traces de vergeures.
En 1780, l'importation du papier hollandais plus blanc que blanc commence à poser des problèmes à la balance commerciale du Languedoc. Ce sont les Montgolfier qui sont choisis pour trouver le moyen de concurrencer les piles hollandaises. Ils y arrivent en installant des cylindres à la place des antiques maillets.
Deux ans plus tard, il suffira d'un feu de cheminée réchauffant une chemise en la gonflant et d'un article lu sur le siège de Gibraltar par la flotte française pour que germe, dans l'esprit de Joseph Montgolfier, l'invention du premier aérostat. Après un premier essai peu concluant, Joseph et son frère Étienne, utilisant le papier comme barrière thermique, construisent une enveloppe consolidée par trois épaisseurs de papier et effectuent un lancement réussi de la montgolfière en décembre 1782.
En reconnaissance de son potentiel d'innovation, la papeterie de Vidalon devient Manufacture Royale en 1784 et prend armoiries et devise.
Calque, papier coloré, papier à dessin : une reprise de flambeau réussie
Au tout début du XIXe siècle, le gendre d'Étienne Montgolfier, Barthélémy Barou de la Lombardière de Canson, prend la tête de l'entreprise familiale et poursuit les innovations.
Apparition du papier calque en 1809, puis des papiers de couleur dans la foulée. Napoléon accorde en 1809 un brevet d'invention à Barthélémy de Canson "pour l'application à la fabrication du papier, d'un principe colorant, d'une égalité parfaite et d'une fixité à toute épreuve".
Dès 1824, les machines à papier sont dotées de caisses aspirantes, donnant ainsi aux papiers plus de résistance. La fabrication du papier destiné au dessin, à l'écriture et au lavis est modernisée, plus exactement un produit collant à base de cire est mis au point pour être mélangé à la pâte à papier. Plus de risque de voir le papier se transformer en buvard !
La photographie prend son essor, les supports de qualité deviennent nécessaires : les papiers photographiques de Vidalon voient le jour en 1865.
Le milieu du XXe siècle voit l'apparition d'un produit toujours iconique de Canson, la pochette de douze feuilles de papier à dessin, destinée à être glissée dans les cartables de tous les écoliers.
En 2021, Canson, appartenant désormais au groupe italien Fila, intègre la célèbre montgolfière dans son logo, au niveau du O de Canson.
