Bilan Copacel : fort recul de la production papetière en 2023, un rebond attendu pour 2024

Après une baisse sans précédent de la consommation de papier en 2023, le syndicat professionnel papetier mise sur un rebond en 2024, malgré plusieurs défis de taille.

Si, en 2022, les volumes des papiers et cartons ont bien résisté à la très forte hausse des coûts des matières premières et de l'énergie et de leur répercussion sur les prix de vente, l'année 2023 est tout autre, selon le rapport de l'Union française des industries des cartons, papiers et celluloses, la Copacel. Et en 2024, plusieurs défis attendent le secteur, mais le syndicat professionnel voit des perspectives encourageantes.

Baisse de la production de papier de 13 % en 2023 en France

En 2023, le ralentissement des commandes, constaté dès la fin de 2022, s'est amplifié sur l'année, et ce dans "une proportion inédite". Le recul de la consommation apparente des papiers et cartons en France (-15 % en tonnage) a entraîné une baisse de la production (-13,5 %) et une contraction du chiffre d'affaires des entreprises (-26 %).

Pour le syndicat professionnel des papetiers, plusieurs facteurs expliquent cette baisse française (mais aussi européenne avec -12,8 %).
Tout d'abord, l'inflation et la faible croissance du PIB (0,9 % en France en 2023) ont pesé sur la consommation des ménages (emballages, abonnements…) et celle des entreprises (baisse des échanges, de la publicité, des courriers commerciaux…).
De plus, la majorité des entreprises des secteurs clients a utilisé prioritairement les stocks qu'elles avaient constitués en 2022.
Enfin, les papetiers ont réduit leurs capacités de production de papiers graphiques afin d'accroître celle des papiers et cartons d'emballage. Le solde entre les nouvelles capacités et les fermetures est négatif.

Et si les coûts du gaz et de l'électricité ont baissée en 2023 (- 60 % par rapport à 2022), leurs niveaux restent un problème pour la compétitivité du secteur papetier, car toujours au-dessus de leurs niveaux historiques.
La substitution du gaz russe par du GNL a fait entrer l'Europe dans une ère d'énergie chère, souligne la Copacel. "Cette situation est d'autant plus inquiétante que le fonctionnement du marché européen de l'électricité répercute le prix du gaz (même lorsque les moyens de production n'utilisent que peu cette source d'énergie)."

Entre défis économiques et espoirs de reprise pour 2024

Pour l'année à venir, la Copacel est d'un "optimisme prudent".
D'un côté, le reflux de l'inflation, la baisse des taux d'intérêt, la fin des stocks des secteurs clients ainsi que l'attrait des consommateurs pour le papier carton, le remplacement du plastique et le développement de l'e-commerce devraient augmenter les ventes.
D'un autre coté, la mise en œuvre de différents textes de loi comme l'expérimentation du dispositif Oui pub pourrait accélérer le mouvement des annonceurs vers de la communication digitale.

La balle dans le camp des politiques communautaires

Pour la Copacel, les politiques devraient davantage favoriser la compétitivité des industries dans une année d'élection européenne.
Elle estime notamment que pour atteindre des objectifs très ambitieux en matière de décarbonation et d'efficacité dans l'usage de l'eau, les pouvoirs publics doivent renforcent leurs dispositifs d'accompagnement.
Elle espère également que les discussions en cours concernant la régulation du marché de l'électricité pour la période qui débute le 1er janvier 2026 débouchent sur un système mieux conçu que celui dévoilé fin 2023. "Faute de quoi les entreprises papetières risquent de perdre l'avantage compétitif que représente l'existence en France d'un parc nucléaire."

Et Christian Ribeyrolle, président de la Copacel, enfonce le clou : "En plus des mesures qui seront adoptées dans un cadre national, nous attendons beaucoup d'une réorientation de la politique communautaire. De nombreux textes adoptés dans le cadre du Pacte vert pour l'Europe vont agir dans les faits comme autant de ferments défavorables à l'activité de notre industrie. Le projet de règlement sur les emballages et celui sur la déforestation sont deux exemples de textes marqués par l'idéologie, mal conçus et ne reposant pas sur de véritables études d'impacts. Il appartiendra à la prochaine Commission européenne et au prochain Parlement de réexaminer les textes les plus problématiques, ceci afin de remettre la politique communautaire sur de bons rails."

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