Lâchée par son nouvel actionnaire, Stenpa (ex-Ahlstrom Stenay) en redressement judiciaire

Syndicats et direction de Stenpa pointent du doigt l'attitude d'Ahlstrom et le manque de soutien d'Accursia Capital. Rachetée en octobre dernier par ce fond d'investissement, la papeterie a désormais six mois pour trouver un autre repreneur.

Moins d'un an après son rachat par Accursia Capital, la papeterie Stenpa (ex-Stenay Papers) a été placée en redressement judiciaire. Vendredi 5 juillet, le tribunal de Commerce de Bar-le-Duc accorde à l'usine à papier située à Stenay dans la Meuse une période d'observation de six mois afin de trouver un nouveau repreneur.

En mars 2023, le groupe papetier finlandais Ahlstrom annonçait la cession du site ou sa fermeture si aucun repreneur n'était trouvé. Dans le cadre d'une cession accélérée et encadrée par la loi Florange, la papeterie avait été cédée à Accursia Capital, un fonds d'investissement allemand. Avec ses 130 salariés et de nouveaux membres à la direction commerciale, la première bobine de papier couché une face pour l'emballage estampillée du nouveau nom du site sortait de l'usine le 12 octobre.

Matej Kurent, directeur général de Stenpa, s'explique dans un communiqué sur cette situation désormais difficile : "Il peut sembler étonnant que seulement neuf mois après la reprise, la société se trouve à nouveau en difficulté. Cependant, cette dernière est victime à la fois de l'ancien actionnaire Ahlstrom, qui s'est désengagé du site pendant des années, et du nouvel actionnaire, qui n'a pas eu de projet industriel ni les moyens pour soutenir la société." 

Même son de cloche du côté de l'intersyndical du site, pour qui cette situation est le résultat de l'inaction du groupe Ahlstrom et d'Accursia Capital. Accursia Capital avait annoncé des investissements de plusieurs millions d'euros, mais "pas un centime n'a été investi" dans l'outil productif. "Le cédant Ahlstrom n'a pas joué son rôle dans l'accompagnement des commandes, et s'est même placé en concurrence de la papeterie de Stenay."

Ces derniers mois, les délégués syndicaux ont rencontré à plusieurs reprises les responsables d'Accursia Capital, qui ont tenu des propos rassurants sur le sort du site. Le Comité social et économique (CSE) a alerté la direction et s'est même déplacé en juin dernier au siège munichois d'Accursia afin d'obtenir des réponses. En vain.

"La mise sous redressement judiciaire est un nouveau drame pour cette usine quasi centenaire, déclarent Alain Magisson et Richard Guitton, secrétaire et secrétaire adjoint du CSE. Nous avons l'impression d'être trahis deux fois : par Ahlstrom, qui n'a pourtant plus de lien direct avec l'usine, et par Accursia Capital, qui nous a promis de relever la tête. Nous allons nous battre, coûte que coûte. Pour la confiance des salariés et la confiance de nos clients qui reviennent toujours plus nombreux chaque jour, et nous les en remercions."
 
Matej Kurent, le directeur général de Stenpa, se dit "optimiste quant à la pérennité du site industriel" et souligne que l'usine continue d'honorer toutes les commandes, et de développer de nouveaux produits. La direction, en étroite collaboration avec l'administrateur judiciaire, a entamé d'ores et déjà une recherche intensive pour identifier d'éventuels repreneurs.

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