Edito / Les défis de l'industrie des arts graphiques en France : secteur en mutation face à la consolidation

Depuis plus d'une décennie, l'industrie des arts graphiques en France connaît des changements significatifs. Le nombre d'imprimeries ne cesse de diminuer, tandis que la consolidation et la hausse des coûts exercent une pression croissante sur les entreprises. Le secteur semble cependant avoir trouvé une certaine stabilité, mais les défis sont loin d'être résolus.

Selon un rapport de digitalprintexpert.de, le déclin du nombre d'entreprises dans l'industrie des arts graphiques en France a commencé en 2012. En une décennie, le secteur a vu une réduction moyenne de 3,5 % du nombre d'imprimeries, un taux légèrement au-dessus de la moyenne européenne. Cette évolution est le résultat de divers facteurs, notamment des transformations structurelles et des défis économiques.

Entre 2012 et 2022, le nombre d'entreprises est passé de 6 300 à environ 4 000. Cette diminution reflète une consolidation croissante au sein de l'industrie, les plus petites entreprises ayant du mal à maintenir leur compétitivité dans un marché en mutation rapide. Toutefois, un rebond a été observé en 2022, notamment grâce aux aides gouvernementales qui ont soutenu les entreprises durant la pandémie.

En France, l'industrie des arts graphiques est largement dominée par de petites structures. En effet, plus de 80 % des entreprises comptent moins de 10 salariés. Ces micro-entreprises sont particulièrement vulnérables aux variations des coûts de production et des volumes d'impression. Ce tissu industriel, qui représente l'essentiel des acteurs du marché, doit continuellement s'adapter pour survivre dans un environnement de plus en plus compétitif.

Seulement 2,8 % des entreprises du secteur emploient plus de 50 personnes, un chiffre inférieur à la moyenne européenne, accentuant la concentration d'acteurs de petite taille dans l'hexagone. Ces structures risquent d'être davantage impactées par la hausse des coûts d'exploitation, notamment les hausses des prix de l'énergie et des matières premières.

La pandémie a contribué à une baisse temporaire des fermetures d'entreprises grâce aux diverses aides financières mises en place par l'État. Ces subventions ont permis à un certain nombre d'imprimeries de rester à flot en 2020 et 2021, limitant ainsi le taux de défaillance dans le secteur.

Cependant, ces soutiens ne seront pas éternels. Avec la fin des aides, le secteur anticipe une reprise des fermetures dans les années à venir. La consolidation du marché va probablement s'accélérer, les entreprises les plus fragiles ayant du mal à absorber les augmentations de coûts, notamment en matière d'énergie et de taux d'intérêt.

Les entreprises qui ne parviendront pas à se moderniser ou à optimiser leur fonctionnement risquent de subir de plein fouet la hausse des coûts d'exploitation. L'énergie, les matières premières et les investissements nécessaires pour répondre aux nouvelles attentes en matière d'impression durable augmentent les charges fixes des petites structures.

Les imprimeries de taille modeste, souvent limitées par leurs capacités d'investissement, sont donc les plus menacées dans ce contexte de hausse des coûts. La consolidation du secteur semble inévitable pour celles qui ne peuvent suivre ce rythme effréné de changements structurels et technologiques.

D'ici 2030, les prévisions suggèrent une poursuite de la baisse du nombre d'entreprises, mais à un rythme beaucoup plus modéré que dans les années 2010. Le secteur des arts graphiques pourrait ainsi voir son nombre d'entreprises diminuer à environ 3 650, contre 6 300 en 2012. Toutefois, certains segments comme l'emballage ou l'impression d'étiquettes, qui ne sont pas considérés comme faisant partie intégrante de l'industrie des arts graphiques, affichent une certaine résilience. Ces secteurs pourraient offrir des opportunités aux entreprises souhaitant diversifier leur activité.

Plus d'articles sur le thème