Industrie du papier : report de l'EUDR, enjeux pour les entreprises du papier en Europe

Le secteur du papier et de l'impression a accueilli favorablement la décision de la Commission européenne de reporter d'un an la mise en oeuvre du Règlement européen sur la déforestation (EUDR). Cette législation impose la traçabilité stricte des produits forestiers et vise à limiter la déforestation. Toutefois, des incertitudes sur les bases de données et les mécanismes de suivi persistent, justifiant ce report.

L'industrie européenne du papier et de l'impression fait face à une réglementation stricte sur la déforestation avec l'EUDR. Ce texte devait entrer en vigueur en décembre 2024, mais des difficultés techniques ont incité les parties prenantes à demander un report. Cette demande semble avoir été entendue, soulageant ainsi un secteur sous tension.

Ce règlement vise à prévenir la déforestation mondiale en imposant des restrictions strictes sur l'importation et l'utilisation de produits liés à la déforestation, comme le bois, le papier, le cacao, le soja, l'huile de palme, le café et le caoutchouc. Il exige que ces produits proviennent de terres qui n'ont pas été dégradées ou soumises à la déforestation depuis une date précise, généralement 2018, et impose des obligations de traçabilité pour garantir leur origine légale et durable.

Le report d'un an de la mise en œuvre de l'EUDR a apporté un véritable soulagement à l'industrie du papier et de l'impression en Europe. La réglementation exige une traçabilité complète des produits forestiers pour s'assurer qu'ils ne proviennent pas de terres dégradées depuis 2018. La complexité de cette réglementation et les incertitudes liées à la gestion des bases de données de suivi ont poussé les acteurs du secteur à demander du temps supplémentaire pour se conformer.

En effet, les entreprises du secteur doivent non seulement garantir l'origine légale de leurs matières premières, mais aussi mettre en place des outils de traçabilité efficaces pour respecter les exigences de l'EUDR. Cela représente un défi technique majeur, en particulier pour les plus petites entreprises qui ne disposent pas des ressources nécessaires pour déployer rapidement ces technologies.

Un des principaux points de blocage dans la mise en œuvre de l'EUDR concerne les bases de données. Ces dernières, destinées à enregistrer et tracer l'origine des produits forestiers, ne sont toujours pas totalement opérationnelles ou harmonisées à l'échelle européenne. Cette absence de clarté sur le fonctionnement de ces systèmes de suivi a été au cœur des demandes de report émanant des différentes fédérations de l'industrie graphique, dont Intergraf.

Intergraf, représentant les industries graphiques en Europe, a été l'une des voix les plus actives pour demander un report. L'organisation a fait valoir que, malgré les efforts du secteur pour se préparer à cette nouvelle réglementation, des questions cruciales restaient sans réponse. Elle a notamment insisté sur la nécessité d'une mise en œuvre harmonisée et praticable du règlement pour éviter des disparités entre les États membres.

Malgré les difficultés rencontrées, les acteurs du secteur du papier et de l'impression en Europe soutiennent les objectifs de l'EUDR. Jori Ringman, directeur général de la Confédération européenne des industries du papier (Cepi), a souligné l'importance de cette réglementation dans la lutte contre la déforestation et la protection des forêts. Il a également reconnu que le secteur dépendait de forêts saines pour assurer sa propre pérennité.

Cependant, Jori Ringman a également mis en avant la nécessité de prendre le temps de bien mettre en œuvre cette réglementation. Il a insisté sur le fait que l'EUDR était "trop important pour ne pas être bien appliqué" et que ce délai supplémentaire permettrait à l'UE et à ses partenaires commerciaux de mieux éradiquer la déforestation.

Le report de la mise en œuvre de l'EUDR est une première étape importante pour l'industrie du papier et de l'impression, mais il reste de nombreux défis à relever. Les entreprises du secteur devront continuer à s'adapter aux exigences de traçabilité tout en suivant de près les évolutions des bases de données et des systèmes de suivi.

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