Crise énergétique et chute des prix : la fin de la papeterie Saint-Michel

La papeterie Saint-Michel, spécialisée dans la production de papier pour ondulé à partir de fibres 100 % recyclées, a vu son activité s'effondrer sous l'effet de la hausse des coûts énergétiques. Retour sur les défis économiques auxquels cette entreprise emblématique de Charente a dû faire face.

La papeterie Saint-Michel, établie en Charente, était une référence régionale dans le recyclage et la fabrication d'emballages en carton ondulé. Depuis plusieurs années, l'entreprise, rattachée au groupe familial Thiollet, fait face à une série de difficultés économiques. Les récents évènements ont précipité la fermeture de ce site qui recyclait jusqu'à 80 000 tonnes de papier par an.

Depuis 2020, la papeterie Saint-Michel a dû composer avec la hausse vertigineuse des prix de l'énergie. La crise énergétique, exacerbée par des facteurs mondiaux, a eu un effet dévastateur sur l'entreprise, dont l'activité repose sur un processus industriel très énergivore.

« Nous sommes passés de 400 000 à 1,3 million d'euros de dépenses énergétiques en seulement six mois », explique Maxime Thiollet, gérant de la papeterie. Cette inflation incontrôlable a contraint la direction à réduire la production de 30 %, mettant à l'arrêt l'une des deux machines à papier, sans pour autant enrayer les pertes financières.

Parallèlement à la flambée des coûts, le secteur du papier a subi une chute drastique des prix du carton ondulé, avec une baisse de 30 % en 2023 par rapport à l'année précédente. Pour une entreprise déjà fragilisée, cette situation a porté un coup fatal aux revenus. La production de 100 % de papier recyclé, une démarche vertueuse mais coûteuse en énergie, n'a pas pu compenser la baisse de rentabilité. En dépit des efforts pour trouver de nouveaux débouchés, les marchés de la France de l'Ouest et de la péninsule Ibérique, principaux clients de l'entreprise, n'ont pas suffi à maintenir à flot l'activité.

Placée en redressement judiciaire en avril 2024, la papeterie Saint-Michel espérait encore se redresser. Ce statut offrait un délai pour présenter un plan de continuation, mais les tentatives de restructuration n'ont pas abouti. « Nous n'avions plus de trésorerie », résume Maxime Thiollet, qui ne pouvait plus faire face aux charges fixes de l'entreprise. La fermeture, confirmée le 3 octobre 2024, marque la fin d'un site industriel majeur pour la région, qui employait encore 65 personnes.

La situation de la papeterie Saint-Michel n'est pas un cas isolé. La filière papetière en Charente subit une crise sans précédent. Quelques jours avant la décision du tribunal de commerce, la filiale Lecas Industrie du groupe Hamelin, située à Nersac, a également annoncé sa fermeture, avec la perte de 70 emplois. Le contexte économique actuel, mêlant flambée des coûts énergétiques et volatilité des prix des matières premières, frappe durement l'ensemble du secteur papetier, particulièrement les acteurs spécialisés dans le recyclage.

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